Madame la Ministre,

Selon des estimations, les tiques sont responsables de 20.000 cas de la maladie de Lyme. Elles représentent donc un danger puisque qu'elles sont d'une part responsables de cette maladie parfois très grave et, d'autre part, elles transmettent également d'autres maladies.

La population de ces acariens explose, notamment avec le retour des beaux jours et il est possible d'en trouver un peu partout (herbes hautes, sous-bois, forêts, ...) Les chiffres officiels font état de 2.000 cas recensés. Ces chiffres sont fortement critiqués par les chercheurs et les spécialistes qu'ils estiment très largement sous-estimés. D'après eux, il y aurait eu 20.000 cas en 2014.

L'impact sanitaire de l'explosion des populations de tiques a entraîné une grande enquête afin de collecter des données auprès des personnes mordues. L'objectif de cette collecte était d'établir une carte du risque de morsure, déjà disponible sur internet.

La maladie de Lyme peut être traitée efficacement avec des antibiotiques dans 63 % des cas. Le symptôme le plus fréquent est "l'érythème migrant", autrement dit des tâches rougeâtres qui peuvent apparaitre jusqu'à un mois après la morsure. Mais ce n'est pas tout, et c’est bien dommage! Les morsures peuvent engendrer de fortes fièvres, une fatigue chronique, de la fibromyalgie, etc. Il existe également des symptômes plus invalidants tels que les attaques cardiaques, une paralysie de la moitié du corps ou du visage, etc. De plus, il est possible d'être atteint par la maladie de Lyme sans toutefois présenter ce symptôme ou être touché par une autre maladie. Il est donc parfois difficile de la détecter.

Il convient donc de faire de la prévention à ce sujet afin de ne plus se faire mordre. 38 % des personnes mordues le sont dans leur jardin et il existe une vingtaine de répulsifs. Il est donc possible d’éviter le plus possible une morsure. De plus, certaines recommandations sont d’usage telles que couper l’herbe à « ras », porter des vêtements couvrants et des chaussures fermées et, enfin, ne pas presser le corps de la tique en cas de morsure mais l’enlever avec une pince spéciale, disponible en pharmacie.

Madame la Ministre,

§  Pouvez-vous me dire combien il y a de cas réels (et pas nécessairement les officiels) recensés de la maladie de Lyme ?

 

§  Quel est l’impact sur les soins de santé prodigués ? Quel coût cela représente-t-il ?

 

§  Existe-t-il des campagnes de sensibilisation à cette problématique ? 

REPONSE:

1. La surveillance épidémiologique de la maladie de Lyme est assurée par l’Institut Scientifique de Santé Publique (WIV-ISP) dans le cadre d’un mandat reçu des entités fédérées, qui ont la compétence de la surveillance et la prévention des maladies infectieuses. Différentes sources d’information sont consultées, permettant de décrire les caractéristiques épidémiologiques des patients et de suivre les tendances dans le temps.

Depuis plus de 20 ans, un réseau sentinelle de laboratoires et le Centre National de Référence (CNR) pour la borréliose (UCL-UZLeuven) rapportent chaque semaine au WIV-ISP le nombre de tests sérologiques positifs réalisés pour le diagnostic de la maladie de Lyme. En 2013, 2055 résultats positifs ont été notifiés, soit un nombre plus élevé que les années précédentes (entre 1200 et 1400 par an). Cette hausse est néanmoins imputable à une forte augmentation du nombre de tests effectués, en raison du sursaut d’intérêt pour cette maladie, tant auprès des médecins que des patients. Sur l’ensemble des tests réalisés au cours des dernières années, la proportion de résultats positifs reste en effet stable et fluctue autour de 2%. En 2014, la tendance à la hausse se poursuit, mais les résultats doivent être interprétés par rapport au nombre total de tests réalisés, information qui n’est pas encore disponible à ce jour.

Le chiffre « officiel »  de 2000 « cas » recensés réfère donc aux résultats de cette surveillance laboratoire, qui est l’une des sources de données utilisées par le WIV-ISP pour décrire l’épidémiologie de la maladie. Toutefois, plusieurs éléments sont à considérer dans l’interprétation de ce chiffre : 1) un système sentinelle signifie que tous les laboratoires belges ne participent pas à la surveillance (qui n’est donc pas exhaustive) ; 2) un résultat sérologique positif ne signifie pas toujours que la personne souffre d’une maladie de Lyme au moment de la prise de sang, mais que le patient a été un jour en contact avec la bactérie Borrelia burgdorferi ; 3) en cas d’érythème migrant (la manifestation clinique la plus fréquente de la maladie), il n’est pas recommandé de faire une analyse de sang puisqu’à ce stade de la maladie, les anticorps ne sont généralement pas encore détectables dans le sang. L’objectif de la surveillance par le réseau sentinelle de laboratoires n’est donc pas d’estimer le nombre de patients avec une maladie de Lyme en Belgique mais bien de suivre une tendance au cours du temps, et elle est complétée par d’autres sources.

Ainsi, des études successives menées par un réseau vigie de médecins généralistes estiment qu’environ 10 000 patients par an consultent leur généraliste pour un érythème migrant. Une nouvelle étude est actuellement en cours.

Enfin, selon les données cliniques du SPF Santé publique, entre 200 et 300 personnes environ seraient hospitalisées chaque année en raison de la maladie de Lyme.

Les 3 sources d’information permettent d’observer qu’à ce jour, il n’y a pas de tendance à l’augmentation de la maladie de Lyme en Belgique.

2. A ce jour, aucune étude n’a été réalisée pour estimer le coût lié au diagnostic et la prise en charge de la maladie de Lyme en Belgique. Néanmoins, une étude coordonnée par le WIV-ISP, en collaboration avec divers partenaires (UCL, UAntwerpen, UZLeuven, RIVM) débutera en 2016.

Au cours de cette étude, des patients atteints de la maladie de Lyme seront suivis pendant une période de 1 à 2 ans, avec notamment un recueil d’informations sur les coûts engendrés pour le diagnostic, le suivi et le traitement de leur maladie.

3. Dès 2001, le WIV-ISP mettait à disposition du grand public un feuillet d’information sur la maladie de Lyme et comment s’en protéger. Ce feuillet, disponible sur le site web, était également distribué sur demande aux centres du tourisme, aux mouvements de jeunesse …  La sensibilisation aux problèmes de santé est actuellement une compétence des entités fédérées. Même en absence de grandes campagnes, la maladie de Lyme est toutefois régulièrement sujet de communiqués, d’articles ou de reportage dans les medias, ce qui a conduit à une plus grande sensibilisation aussi bien des patients que des médecins, reflétée par une augmentation importante du nombre de tests sérologiques réalisés.

L’information qui est véhiculée vers le grand public n’étant pas toujours correcte, en janvier 2015, un groupe de travail d’infectiologues, microbiologistes, médecins généralistes et épidémiologistes a développé sous la coordination de BAPCOC (Commission belge de coordination de la politique antibiotique) une recommandation scientifique sur la prévention, le diagnostic et le traitement de la maladie de Lyme, afin que les professionnels de santé puissent informer correctement leurs patients. Cette brochure a été diffusée avec la participation des associations de médecins généralistes et spécialistes.

Néanmoins, afin d’améliorer la prévention active de la maladie de Lyme, l’ISP ambitionne de répertorier les zones à risque pour les morsures de tiques en Belgique. Pour y parvenir, l’Institut encourage les citoyens à notifier les morsures dont ils sont victimes sur son nouveau site internet www.TiquesNet.be, lancé en juin 2015.