Madame la Ministre,

Vous avez annoncé plancher sur des nouveaux critères concernant les postes de garde. Je souhaite revenir sur ce point avec vous et attirer votre attention concernant les zones rurales. En effet, ces dernières sont très différentes des zones urbaines et il me semble indispensables d'en tenir compte dans l'élaboration des nouveaux critères.

Madame la Ministre,

§  Avez-vous un agenda pour l'élaboration des nouveaux critères pour les postes médicaux de garde?

 

§  Allez-vous concerter les différentes zones pour l'élaboration des nouveaux critères?

 

 

QUESTIONS JOINTES

Monica De Coninck (sp.a): Une large majorité de médecins est favorable à la suppression des visites de nuit obligatoires pendant les services de garde, à cause d’un sentiment d’insécurité.

Où en est la ministre et quelle est sa position à l’égard de la réforme des postes de garde et des service d’urgence? Quand de nouvelles initiatives seront-elles prises? Comment la ministre entend-elle optimiser le fonctionnement du service de garde? Le couplage du numéro 1733 et des appels au 112 est-il déjà réalisé? L’ensemble du territoire est-il déjà couvert?

Quelle est l’attitude de la ministre concernant un poste de garde fonctionnant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et un modèle d’intégration obligatoire du poste de garde dans le service d’urgence? Comment compte-telle organiser concrètement une coopération et une coordination accrues entre les différents services d’urgence et les postes de garde des médecins généralistes? Envisage-t-elle par ailleurs de sensibiliser la population à une utilisation à bon escient des services d’urgence? Existe-t-il des exemples et des évaluations d’initiatives déployées par des hôpitaux?

Caroline Cassart-Mailleux (MR): Madame la présidente, madame la ministre, c'est un sujet important et brûlant. Il s'agit d'assurer la garde des médecins, de ne pas envoyer directement les patients aux urgences des cliniques. Ce sont des débats que nous avons déjà eus en commission. Il y a des solutions. Le tout est d'avoir les bonnes solutions, de pouvoir les appliquer à l'ensemble du pays et d'avoir une couverture assez importante.

J'ai écouté l'intervention de ma collègue. Je ne vais pas répéter ce qu'elle vient de dire. Toutefois, madame la ministre, vous avez annoncé que vous planchiez sur de nouveaux critères concernant le poste de garde. Je souhaite évidemment revenir avec vous sur ce point et attirer votre attention sur les zones rurales. Je vous en ai déjà parlé. Il faut aborder ce dossier d'une manière différente en fonction du lieu où l'on se trouve, que ce soit à Bruxelles ou dans ma toute petite commune à Ouffet. Les zones étant un peu différentes, il faudra appliquer des critères différents.

Madame la ministre, avez-vous un agenda pour l'élaboration des nouveaux critères pour les postes médicaux de garde? Allez-vous concerter les différentes zones pour l'élaboration des nouveaux critères? Tiendrez-vous compte du milieu rural et de ses particularités dans l'élaboration des nouveaux critères? Avez-vous déjà réfléchi au fonctionnement en pratique? Y aura-t-il un numéro unique? Le médecin devra-t-il s'organiser, comme c'est déjà le cas dans certains projets-pilotes qui voient le jour dans certaines zones de notre pays? Enfin, la communication aux citoyens sera primordiale. Comment gérerez-vous cela pour que l'ensemble de la population soit au courant, puisse trouver des solutions avec nous et avoir un service de qualité lorsqu'elle doit se rendre chez le médecin pendant les gardes, en dehors des heures normales?

Catherine Fonck (cdH): Madame la ministre, il s'agit d'une interpellation car le sujet est d'importance pour l'ensemble des patients mais aussi car vous avez réussi à faire l'unanimité des médecins contre vous puisque le front commun des syndicats médicaux et des associations de cercles de médecine générale s'est positionné et a rédigé une lettre ouverte à votre attention. Cette lettre ouverte est largement argumentée et certains extraits sont interpellants. Je cite: "La vision du cabinet sur l'organisation de la garde ne tient aucunement compte de l'expérience et des efforts de la base dont celle-ci fait preuve depuis plusieurs années alors que nous estimons que le groupe de travail en soi forme une bonne base pour poursuivre la négociation". Je cite un autre extrait: "Les arguments et les solutions avancés par les syndicats et les cercles de médecine générale sont tout simplement balayés par le cabinet pour faire place à une vision qui met l'hôpital au centre de l'organisation des soins de santé".

Madame la ministre, vous allez probablement évoquer le rapport du KCE. Je souhaite d'ailleurs vous entendre sur ce rapport puisqu'il y a eu besoin de deux séances du conseil d'administration pour qu'il soit avalisé. Cela n'arrive pas souvent et cela pose question. De plus, dans le même temps, votre cabinet a réalisé les mêmes analyses pour arriver aux mêmes conclusions. On a donc l'impression que le cabinet s'est d'abord positionné pour influer sur l'analyse du KCE.

Dans le fond, quel est votre modèle? Vous souhaitez imposer un modèle uniforme en installant des postes de garde de médecine générale accessibles vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Le fait d'imposer ce modèle uniforme est le pire du pire! D'abord, parce que le fait de tout ramener à l'hôpital est une erreur. Et le fait d'imposer un modèle unique est tout autant une erreur parce que la réalité est plurielle entre les villes et les zones rurales et sem-rurales mais aussi en fonction des forces en présence.

Les forces en présence des médecins généralistes varient selon les localités. Les partenariats dépendent aussi de la manière dont les hôpitaux sont organisés. Dans une même région, certains d'entre eux fonctionnent selon une synergie plus souple et plus logique, qui correspond aux attentes des cercles des généralistes. Des gardes peuvent ainsi être organisées par ces derniers, parce que leur modèle est conforme à la réalité.

Madame la ministre, mon interpellation vise à tirer la sonnette d'alarme en ce domaine, car le modèle uniforme que vous défendez ne correspond pas à la réalité de terrain. Je demande donc au gouvernement et à la majorité qui le soutient de se pencher à nouveau sur ce dossier. Votre projet doit s'appuyer sur la réalité plurielle des cercles de médecins généralistes. C'est pourquoi vous devez mettre en place un dispositif en concertation avec eux.

Oui, les modèles varieront en fonction des régions et des arrondissements. C'est ainsi que l'organisation des gardes sera performante et de qualité pour les patients. C'est cet objectif qui doit guider votre décision, et non l'imposition d'un modèle rigide.

Valerie Van Peel (N-VA): Des statistiques communiquées récemment par la ministre prouvent que les services d'urgences sont confrontés à certains abus. Ces pratiques sont nettement plus fréquentes dans la partie sud du pays, où les soins de santé de première ligne jouent un rôle beaucoup moins central.

Il n'est pas aisé de trouver une solution à ce problème. Pour le résoudre, le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) suggère d'intégrer les postes de garde dans les services d'urgences. À première vue, cette option paraît une bonne idée. Ce choix contribuera également à renforcer le rôle des soins de première ligne, un principe que nous appliquons avec conviction en Flandre. L'accord de gouvernement va également dans ce sens. La ministre envisage-t-elle de créer des fonctions de médecins "trieurs" chargés de mieux aiguiller les patients dès leur arrivée à l'hôpital?

Je continue de croire à la pertinence d'un système de postes de garde qui, dans certaines régions, devraient de préférence se situer à proximité immédiate des hôpitaux. Je ne sais cependant pas s'il convient d'en faire un modèle général applicable à l'ensemble du pays. La poursuite de la mise en place du numéro 1733 permettrait également de résoudre une grande partie du problème. Les trois systèmes devront en tout état de cause être harmonisés. Où en est cette question?

Anne Dedry (EcoloGroen): Les postes de garde des médecins généralistes doivent pouvoir fonctionner de manière autonome, indépendamment du service d’urgence.

La question est de savoir dans quelle mesure cette autonomie pourra être préservée lorsqu’ils devront louer un local dans un hôpital pour organiser leur poste de garde. Comment tout cela serat-il du reste organisé? Comment s’effectuera le triage? Comment garantir que les acquis des postes de garde des médecins géné- ralistes ne seront pas sacrifiés?

Nathalie Muylle (CD&V): L'étude du KCE constitue une immense plus-value dans la discussion relative aux services d'urgence et aux postes de garde de médecins généralistes, parce qu'elle pointe objectivement les problèmes. Les services d'urgence sont trop nombreux dans notre pays et les citoyens y recourent trop facilement alors qu'ils pourraient tout aussi bien se tourner vers leur généraliste.

Je suis favorable aux propositions du KCE concernant la rationalisation et la spécialisation avec maintien de l'accessibilité et de la qualité de soins. Ces propositions profiteront au patient. Les postes de garde intégrés aux services d'urgence me semblent être une bonne idée. Le système de tri oriente directement les patients vers une prise en charge ad hoc. La proposition visant à harmoniser le ticket modérateur des soins de première ligne et des soins d'urgence est également positive.

L'étude du KCE est un instrument important dans l'ensemble de cette discussion. Le cabinet de la ministre n'a nullement influé sur la discussion qui s'est tenue au sein du conseil d'administration. Chacun a voté selon ses propres convictions et je trouve important de le souligner.

Je souhaiterais que la ministre m'informe sur l'état avancement du dossier. Comme entrevoit-elle la situation? Quel est l'échéancier prévu?

Muriel Gerkens (Ecolo-Groen): Madame la ministre, je compléterai par quelques éléments. Je suis une grande défenderesse du KCE et des études qu'il fait. Je trouve vraiment très intéressant ce rapport sur l'état des lieux des services d'urgence et la nécessité de permettre une harmonisation, une meilleure répartition sur le territoire, éventuellement une réduction, etc. Il est intéressant d'avoir ce rapport et de revoir le lieu et l'opportunité des services d'urgence.

Il me semble néanmoins dérangeant d'apporter dans les recommandations une recommandation qui concerne la première ligne et qui ne concerne pas les structures hospitalières – en même temps, un lien doit se faire, évidemment – en disant dans ce rapport qu'il faut que les postes de garde soient intégrés dans les sites des hôpitaux pour empêcher que des patients aillent au service d'urgence et aillent plutôt au service du poste de garde, puis de critiquer le fonctionnement des postes de garde en disant qu'ils n'ont pas tous les mêmes horaires, les mêmes normes, qu'ils ne fonctionnent pas tous de la même manière.

Je trouve un peu cavalier de critiquer l'organisation des postes de garde parce que ce sont des initiatives de terrain. Il est vrai qu'ils existent depuis un certain temps, à certains endroits. À d'autres endroits, ils n'existent toujours pas ou bien c'est du bricolage. On sait en plus qu'il y a un travail fait pour harmoniser le fonctionnement de ces postes de garde. Les deux démarches se croisent.

Je ne souhaite pas que cela aboutisse à des inadéquations et un non-respect des partenaires de la première ligne pour répondre à un problème d'organisation du secteur hospitalier.

Madame la ministre, mes questions sont les suivantes. D'une part, le groupe de travail visant à harmoniser les postes de garde avec leurs exigences, leurs répartitions, etc., devrait avoir terminé son travail. Je voudrais savoir si les travaux sont terminés ou si on devra attendre encore. D'autre part, je sais que certains postes de garde sont déjà sur des sites hospitaliers et qu'ils s'y trouvent bien, que cela correspond à une logique territoriale ou de pratique de déplacement des patients. Dans d'autres zones, les postes de garde sont plus proches des concentrations de la population. Il me semble important de garder ces possibilités d'adaptation. Je voulais donc savoir si, dans le travail avec les postes de garde, vous relayez – ou voulez imposer – cette exigence de présence sur le site hospitalier ou si des formes adaptées à la réalité sont autorisées?

Le numéro 1733 est l'outil apte à garantir un tri des patients grâce à une analyse professionnelle des appels ainsi qu'une orientation des personnes. Il est toujours bloqué pour l'instant alors qu'il y a urgence. Où en sommes-nous donc à cet égard?

J'aimerais vous entendre, ainsi qu'attirer l'attention sur cette nécessité de renforcer la première ligne. Tous les rapports qui analysent l'organisation des soins de santé chez nous et à travers le monde disent que le développement de la première ligne garantit des soins de santé de qualité.

J'ai le sentiment que, dans ce rapport, la logique a été inversée, ce qui me paraît dommage. Ce n'est pas acceptable.

Maggie De Block, ministre: L’étude du KCE – qui fonctionne en toute indépendance et ne relève de ma tutelle qu’administrativement – a fait couler beaucoup d’encre. C’est un peu le but recherché car si on n’en parlait pas, cela signifierait qu’elle n’aurait pas atteint son objectif. Je me réjouis que Mme Muylle, en sa qualité de membre désignée du KCE, ait confirmé qu’il n’a absolument pas été question de quelque forme de tentative d’influence que ce soit de la part de mon cabinet.

On ne peut dissocier les chapitres très divers de ce dossier sans perdre de vue l’impact sur l’ensemble. C’est ce qui m’a amenée à créer au sein de ma cellule stratégique une task force Soins Non Programmables qui est chargée d’analyser très minutieusement l’étude du KCE, en concertation avec tous les services médicaux concernés et les autres acteurs. Le but est d’apporter une réponse à la question des soins non programmables au bénéfice des citoyens et des patients dans le futur.

Un consensus existe au sein de la task force sur le protocole qui sera à présent discuté par le Comité de l’assurance.

Le groupe de travail Postes de garde de l’INAMI analyse les demandes et prépare également les dossiers pour les nouveaux postes de garde. Un triage efficace est essentiel pour les soins non programmables et nous réfléchissons à cet égard à un renforcement du dispatching médical, tant dans les centres 112 que par une intégration du numéro 1733 dans le dispatching médical. Plusieurs projets d’étude ont été lancés dans ce domaine; ils seront étroitement suivis par la task force et leurs résultats seront immédiatement intégrés dans la politique. Un tel projet est actuellement mené dans la région Louvain-Tirlemont. Un projet analogue est prévu en Wallonie, mais il n’a pas encore démarré.

Comme Mme Caprasse l'a dit, il y a une grande différence selon qu'il s'agit d'une zone rurale ou d'une grande ville comme Bruxelles, Malines ou Louvain, où il y a plusieurs hôpitaux.

Ces dernières années, de nombreux efforts ont été consentis pour améliorer la sécurité des médecins généralistes – non seulement en salle d'attente mais également durant la consultation – et des postes de garde en médecine générale. Une vaste concertation a eu lieu à ce sujet avec le ministre de l'Intérieur.

Je préfère donc envisager l'organisation de la garde sous un angle plus large étant donné l'organisation de soins non planifiables ce, tant du point de vue du médecin que du patient.

Il ressort de l’étude que beaucoup de patients ignorent à qui ils doivent s’adresser. Il s’ensuit que certains services d’urgence sont débordés – avec des heures d’attente pour des cas non urgents – alors que d’autres services d’urgence ont trop peu à faire. Cette situation est finalement intenable.

Afin justement d'avoir un dialogue réellement constructif, j'ai constitué une task force au sein de mon cabinet. Tous les syndicats de médecins y sont présents, madame Fonck. Il n'y a pas toujours d'opinion commune. Suite à l'étude du KCE, j'ai vu pour la première fois une lettre commune, une lettre ouverte. Ils sont au cabinet jusqu'à trois fois par semaine. Je les vois assez fréquemment pour qu'ils m'en parlent, mais s'ils préfèrent écrire des lettres ouvertes, cela me convient aussi.

Beaucoup d'énergie a été investie dans cette task force. Un dialogue de qualité, comme l'indique la lettre ouverte, ne s'avère pas facile. Ils ont des opinions communes, mais pas tout le temps. Ils se disputent entre eux aussi, je peux vous le dire.

Chaque élément évoqué dans la lettre ouverte est déjà à l'ordre du jour de la task force et sera donc pris en compte en vue de l'amélioration de notre système de soins. Il est vrai que cela a duré trop longtemps, il n'y avait rien de coordonné, rien de réglé. Il y avait des projets positifs, des postes de garde de médecins traitants de pilotage. Comme dans trois cas, cela se passait bien, cela a été étendu à 35, et jusqu'à 48, mais sans aucun critère. Cela a abouti à la situation actuelle. Certains postes de garde sont surchargés, d'autres ne sont pas utilisés. Les postes d'urgence dans les hôpitaux sont parfois surchargés et parfois même pas consultés. Il faut une vision intégrée avec un numéro, avec une méthode de triage précisée dans le projet de pilotage. J'ai assisté à la présentation, qui était très bien et dans le cadre de laquelle nous travaillons maintenant. Je voulais évidemment que le projet de pilotage, pour lequel le financement a été prévu, puisse se faire aussi en Région wallonne.

Monica De Coninck (sp.a): Il est clair que ce dossier suscite beaucoup d’intérêt. Bien entendu, on peut se réjouir que la ministre ait mis sur pied une task force à ce sujet, mais il en existe déjà dans de nombreux autres domaines. Nous ne pouvons tout de même pas nous contenter de réaliser des analyses! Il faut s’atteler à l’élaboration d’un plan à long terme auquel peuvent adhérer toutes les parties. J’espère que la ministre y parviendra rapidement.

Caroline Cassart-Mailleux (MR): Madame la ministre, je vous remercie pour votre réponse. Je retiendrai la vision intégrée et globale à laquelle nous devons rester attentifs, un numéro unique afin de filtrer les appels - ce qui est tout aussi important.

Dans votre réponse, vous avez plusieurs fois parlé des zones rurales et de critères différents. J'insiste à cet égard qu'il est important de se rendre compte de la réalité de terrain à savoir que, dans celles-ci, le manque de médecins est parfois criant. Des mesures sont prises même au niveau communal, je vous l'assure madame la ministre, mais il faut parfois prendre des mesures complètes par rapport à ces critères spécifiques.

Catherine Fonck (cdH): Madame la présidente, madame la ministre, je me pose la question de savoir sur quels points nous pouvons nous rejoindre.

Nous nous rejoignons, premièrement, sur l'importance du tri via le numéro 1733. Deuxièmement, l'approche générale en matière de garde doit tenir compte des enjeux liés à la sécurité des médecins généralistes, à l'évolution démographique, à la pénurie de médecins dans certaines régions et aux problèmes de garde lorsqu'il y a carence ou lors de nuits noires. Nous pouvons également nous rejoindre sur le couplage du financement aux critères de qualité.

Par contre, je vous invite, au-delà du rapport du KCE, à examiner les études qui ont été réalisées notamment sur l'analyse de la pratique dans différents pays. Une étude en particulier, publiée par le British Medical Journal en avril 2016, compare l'ensemble de la dynamique des urgences de sept pays. Cette étude pointe le fait intéressant que lorsque médecine générale et urgence sont couplées, le recours aux urgences augmente globalement alors que c'est l'inverse que nous devrions atteindre et ensuite, que cela n'a pas nécessairement d'effet positif sur les files d'attente, sur le flux des patients, sur le coût et l'efficacité ou sur la satisfaction du patient.

Si l'on compare cette dynamique dans d'autres pays - et les résultats sont interpellants - on se rend compte que ce couplage mène parfois à des résultats inverses aux objectifs que logiquement nous devrions vouloir atteindre.

Aussi, madame la présidente, je dépose une motion, que nous aurons l'occasion de rediscuter en séance plénière, avec une série de points sur la reconnaissance de la médecine générale comme élément essentiel de première ligne de soins de santé, sur le tri 1733. Mais surtout, j'insiste sur l'importance de ne pas imposer un modèle unique, standardisé que seraient ces postes de garde 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 avec des médecins généralistes couplés aux salles d'urgence.

J'insiste à nouveau - il existe un front commun des acteurs de terrain - sur la nécessité de tenir compte d'une réalité plurielle. C'est ainsi que nous serons le plus efficaces, y compris par rapport aux patients, en partant d'un modèle qui ne soit pas un modèle top down mais d'une approche bottom up. C'est ainsi que nous pourrons avancer. Partir uniquement du rapport du KCE et avoir un modèle unique imposé, je le répète, serait le pire du pire par rapport à l'organisation de nos soins de santé et à la dynamique des urgences et des gardes.

Valerie Van Peel (N-VA): Des solutions sur mesure devront être imaginées, en fonction de la nature des régions. Un poste de garde de médecins généralistes bien structuré et proche d’un hôpital sera particulièrement utile dans les régions urbaines. Il ne doit pas forcément être situé à l’intérieur d’un hôpital, car cette situation pourrait être source de complications.

J’espère que la task force réussira en tout cas à préciser comment rendre le triage obligatoire, car des imprécisions subsistent sur ce point.

Maggie De Block, ministre: La concertation est encore en cours. Je ne veux pas aborder certains points tant qu'ils ne font pas l'objet d'un consensus.

Nous devons évidemment tenir compte de ce qui existe déjà. La Wallonie est déjà presque entièrement couverte en matière de postes de garde en médecine générale, tandis que la Flandre doit encore rattraper un certain retard. C'est pourquoi nous avons tout d'abord tout mis en œuvre pour permettre à nouveau les demandes relatives à de nouveaux postes.

Anne Dedry (EcoloGroen): Les médecins généralistes sont certainement ouverts à différents modèles organisationnels. Ils souhaitent avant tout que leur autonomie soit préservée. J'aurais aimé entendre que la ministre partage également cette préoccupation.

Nathalie Muylle (CD&V): Je partage la préoccupation de Mme Dedry. Les postes de garde de médecins généralistes créés dans les zones rurales peuvent quand même parfaitement coexister avec les postes de garde de médecins généralistes mis en place dans les hôpitaux des zones urbaines.

Mme Fonck compare notre situation avec celle qui prévaut à l'étranger mais il s'agit d'un exercice difficile étant donné que nous n'avons pas encore entamé notre réflexion sur la concentration des services d'urgence. Cet objectif s'inscrit d'ailleurs dans la réorganisation de notre paysage hospitalier.

J'ai le sentiment que tant les médecins généralistes que les hôpitaux et les organisations de patients se rallient à cet objectif. Il faut à présent œuvrer rapidement à une proposition valable.