Monsieur
le Ministre,
La fièvre catarrhale s’est
déclarée chez nos voisins français au mois de septembre dernier. J’ai eu
l’occasion de vous interroger à ce sujet il y a déjà plusieurs mois. Un marché
était en cours pour l’achat de vaccins visant à protéger les bovins et les caprins.
Vous m’avez indiqué que le
Boerenbond avait demandé une étude « coût-bénéfice » de la
vaccination, dans le but de savoir si une vaccination devait être obligatoire
ou facultative. Cette étude devait être réalisée par l’AFSCA et le CERVA.
En outre, l’AFSCA a
indiqué il y a quelques mois que la fièvre catarrhale pourrait toucher notre
pays dès cet été. C’est la raison pour laquelle je me permets de vous
réinterroger à ce sujet.
Monsieur le
Ministre :
-
Quel est le résultat de cette
étude « coût-bénéfice » ?
-
La vaccination contre la fièvre
catarrhale sera-t-elle obligatoire ? A partir de quand ?
-
Quel est le nombre de doses de
vaccin disponible ? Est-ce suffisant ?
-
Quels sont les contrôles qui sont
mis en place en parallèle de ce vaccin ?
Je vous remercie.
REPONSE DU MINISTRE DE
L’AGRICULTURE LE 13 JUILLET 2016
Je suis de très
près la situation relative à la maladie de la langue bleue, également appelée
Fièvre catarrhale Ovine, ou FCO, et ce
depuis son apparition en France en août 2015.
Ayant pris connaissance
de cette situation, j’ai immédiatement demandé à mes services d’évaluer le
risque que la maladie atteigne la Belgique. Les experts m’ont alors informé que
cette maladie saisonnière, transmise par un moucheron actif par des
températures de plus de 15°C, contaminerait très probablement notre pays cet
été.
Suite à cet
avis, j’ai consulté les parties prenantes (Autorités sanitaires, les Secteurs
agricoles et les vétérinaires et les laboratoires). Il a été conclu que la
meilleure protection des animaux est la vaccination et que le secteur devait
prioritairement disposer de vaccins.
Sur base des
conclusions d’une enquête « coûts-bénéfice » que j’avais également
demandée dans le même temps (reçue fin février), et aux concertations
organisées avec les secteurs concernés ensuite, j’ai alors décidé d’une
vaccination à réaliser sur base volontaire, suivant en cela l’avis des
organisations agricoles. Les experts ont démontré que le bénéfice est en effet
surtout obtenu au niveau des exploitations qui ont vacciné, le coût attendu en
cas d’épidémie étant toujours en faveur de la vaccination. Au niveau du pays,
la vaccination réduit la diffusion de la maladie mais n’est pas préventive pour
les animaux non-vaccinés. En outre, nous ne sommes plus dans une logique d’éradication
de la maladie comme en 2008, notamment parce que nos voisins européens n’ont
pas cette approche et que ça n’aurait pas de sens épidémiologique de l’adopter
pour la seule Belgique.
Comme prévu en
concertation avec les secteurs agricoles et dans le cadre du marché public, 2
millions de doses bovines et 100.000 doses ovines furent commandées de façon
préventive et disponibles fin mars. En un peu plus d’une semaine, l’entièreté
des doses disponibles a été commandée par les vétérinaires et l’essentiel livré
entre le 1er et le 8 avril. Quelques jours ont en effet été
nécessaires pour les validations des commandes par l’AFSCA et pour la
logistique des grossistes en médicaments vétérinaires.
Victime du
succès de la démarche, des commandes « excédentaires » n’ont pu être
honorées. Cette situation était d’autant plus inattendue que les experts
indiquent qu’en cas de vaccination volontaire pour d’autres maladies, seuls 20
à 30% des animaux sont vaccinés.
Face à ce
constat, j’ai réuni en urgence les secteurs et l’administration le lundi 11
avril. Il a été décidé d’utiliser intégralement les options de commandes
supplémentaires prévues dans le contrat, en tentant, pour au moins une partie
des doses, de raccourcir les délais de livraison en prenant contact avec la
firme pharmaceutique.
Afin de contrer
ce problème de disponibilité, nous avons aussi mis en place des facilités de
transferts de flacons non-entamés entre vétérinaires et ouvert la possibilité
d’utilisation des doses bovines chez les moutons. Ces mesures ont été
directement communiquées à tous les vétérinaires et ont permis l’accès à des
vaccins pour certains opérateurs en attente.
D’autre part,
suite à mes contacts personnels avec mon homologue espagnole lors du Conseil
des ministres européens de l’Agriculture, nous avons réussi à recevoir
anticipativement 400.000 doses destinées au départ à l’Etat espagnol et ce dès
la semaine du 30 mai. Le solde, càd 1.000.000 doses bovines et 300.000 doses
ovines, a été livré le 20 juin et 1.400.000 doses bovines, comme prévu, seront
livrées le 15 juillet. Les 400.000 doses livrées anticipativement ont été
dévolues au départ uniquement aux injections de la deuxième dose de rappel
destinée à compléter la primovaccination.
Comme vous
pouvez le constater, toutes les mesures ont été prises pour garantir la
livraison de doses supplémentaires au plus vite, et répondre ainsi très
concrètement à l’inquiétude et aux difficultés de certains éleveurs face à
l’impossibilité de réaliser les rappels de primovaccination.
Je tiens à
souligner que nous n’avons pas eu affaire à un problème de vaccination mais
bien à un problème de disponibilité de doses lié au succès de la démarche,
problème qui est donc aujourd’hui totalement résolu vu l’arrivée des vaccins
additionnels et la gestion scrupuleuse de la seconde vague de vaccination. A ce
jour, des vaccins sont disponibles chez tous les distributeurs et au total 1.4
million et 1.7 million de doses ont été livrées respectivement en Région
wallonne et Région flamande.
Selon toutes
vraisemblances, il est peu probable que la maladie nous atteigne avant fin
juillet. Il est dès lors possible que la majeure partie de notre cheptel soit
vacciné pour cette date.
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