Monsieur le Ministre,

 

Les p.v. pour excès de vitesse engorgent les parquets. Il y a d’ailleurs une réflexion à ce sujet au sein des parquets pour diminuer la charge de travail y liée.

Une piste avait été évoquée : imposer des quotas aux zones de police. Au-delà de ces quotas, les parquets ne traiteraient pas les p.v. excédentaires. Puis, finalement, l’idée a été abandonnée, en tout cas au niveau du parquet de Liège pour des raisons d’organisation et d’injustice entre zones de police.

Suite à ces diverses constatations, une solution a alors été préconisée : organiser des concertations entre parquets et zones de police afin de diminuer le nombre de p.v. pour excès de vitesse, afin de privilégier une approche qualitative plutôt que quantitative.

Lorsque je vous ai interrogé à ce sujet il y a quelques mois, vous m’avez confirmé que plusieurs concertations avaient déjà eu lieu, également avec les entités fédérées, de manière à assurer une adéquation entre les nouvelles compétences des Régions et la politique criminelle des parquets.

Monsieur le Ministre,

-          Pouvez-vous me faire un état des lieux de cette question du traitement des p.v. pour excès de vitesse par les parquets ?

-          Les autres parquets suivent-ils l’exemple de Liège à ce propos ?

-          Où en sont les concertations entre les parquets et les entités fédérées ?

Je vous remercie.

 

 

Réponse de Koen Geens à la question n° 14912 de Caroline Cassart-Mailleux:

Monsieur le président, madame Cassart, le Collège des procureurs généraux, qui a mené une consultation auprès des parquets de première instance, m'informe qu'il ressort de celle-ci que si la piste des quotas n'a pas pu être suivie, des concertations ont bien été mises en place dans la majorité des arrondissements judiciaires.

L'objectif de ces concertations entre les parquets et les services de police est de fixer les modalités de contrôle les plus efficaces dans la chaîne de constatation-répression. Cette concertation est essentielle pour déterminer les priorités en fonction du déploiement des moyens disponibles.

Dans la politique criminelle routière, il est important de mettre l'accent sur la qualité plutôt que sur la quantité. Ainsi, une priorité doit être donnée aux contrôles à des endroits connus comme étant dangereux, et en prenant en compte également les jours et heures auxquels ils doivent avoir lieu. Des notes de politique criminelle sont en discussion, notamment dans les arrondissements judiciaires de Liège et d'Anvers.

Pour stimuler l'engagement des parquets, il existe actuellement des projets fédéraux et régionaux.

Le projet Cross Border de la Justice permettra d'accélérer et d'améliorer la perception des amendes de roulage dues par des conducteurs étrangers et belges.

Suite aux directives Cross Border européennes, le processus de travail complet de perception des amendes de roulage a été revu et sera totalement informatisé, de sorte que le goulot d'étranglement auprès du ministère public est supprimé et que les quotas sont révolus.

Une bande de données des amendes sera développée à laquelle la Justice, la police, Mobilité auront accès afin de pouvoir mener une meilleure politique de sécurité et lutter plus efficacement contre la récidive.

Par ailleurs, il est prévu de travailler avec La Poste pour l'impression et l'envoi des amendes. La Poste mettra également en place un call center qui pourra répondre dans toutes les langues européennes aux questions de Belges et d'étrangers. Ainsi les tâches administratives diminueront fortement et les parquets pourront libérer du temps pour se concentrer sur leur tâche-clé, c'est-à-dire poursuivre.

Le paiement sera également rendu plus aisé et réalisable par voie électronique au moyen d'une carte de crédit pour ce qui concerne les étrangers.

La coercition sera renforcée sur trois points: la création d'un titre exécutoire par le parquet (injonction de payer), l'exécution de la peine subsidiaire de prison en cas de défaut de paiement, et l'utilisation des scanners ANPR des douanes pour les amendes pénales.

Le délai des paiements sera réduit par l'expédition du procès-verbal et de l'invitation à payer sous un seul pli au lieu de deux expéditions distinctes, comme cela se pratique actuellement.

Il importe, toutefois, d'attirer l'attention sur le fait que la perception des amendes routières se fait actuellement sur base de l'invitation à payer et la proposition de transaction.

Le projet Cross Border a fait l'objet d'une large concertation avec les Régions et l'avis de ces dernières a été demandé le 28 octobre. Le projet Cross Border a été approuvé lors du dernier conclave budgétaire fédéral au cours duquel les décimes additionnels et les tarifs des amendes de roulage ont été augmentés.

Depuis le 1er janvier 2015, les Régions sont compétentes pour une grande partie de la législation en matière de sécurité routière. Dès lors, je vous renvoie vers elles pour toute question portant sur leurs projets. Les représentants des Régions ont été désignés pour participer aux travaux du réseau d'expertise "circulation routière" du Collège des procureurs généraux. Des membres de la Région wallonne sont déjà venus exposer leurs projets. La Région flamande le fera prochainement. Toutefois, les représentants du Collège des procureurs généraux participent déjà, depuis plusieurs mois, à des réunions de mise en place dans les Régions dans le cadre de la sixième réforme de l'État.

Caroline Cassart-Mailleux (MR): Monsieur le ministre, je vous remercie pour le caractère tout à fait complet de votre réponse, pour l'évolution qui en est donnée. Vous avez fait le point pour que nous puissions y voir plus clair. C'est un dossier important sur lequel nous reviendrons.