Monsieur le Ministre,

Il y a quelques mois, je vous ai interrogé sur la clause de sauvegarde déclenchée par la France au sujet des cerises traitées au diméthoate. En effet, la France avait décidé de suspendre jusque fin 2016 l’importation de cerises traitées au diméthoate, un insecticide qui protège les fruits contre une sorte de moucheron, le drosophile suzukii. 

Or, en Belgique, nos producteurs de cerises utilisent ce produit, notamment dû au fait que les conditions d’utilisation sont beaucoup plus strictes chez nous qu’en France, avec un délai minimum de 28 jours entre la dernière pulvérisation et la récolte, alors qu’il est de 14 jours en France. Bref, on comparait donc des pommes et des poires.

Monsieur le Ministre,

-          Les producteurs belges de cerises ont-ils soufferts de cette clause de sauvegarde ?

-          Quelle est la situation actuellement ? Quelle sera-t-elle en 2017 ?

-          Les limites maximales de résidus de diméthoate ont-elles été réévaluées au niveau européen ?

-          L’autorisation d’utilisation du diméthoate est-elle toujours suspendue ? Jusqu’à quand ?

-          Quelles alternatives s’offrent à nos producteurs de cerises ?

Je vous remercie.

 

Réponse de Willy Borsus à la question n° 15315 de Caroline Cassart-Mailleux:

La suspension de l’autorisation du diméthoate en cerise au printemps 2016 a permis d’éviter la suspension des exportations vers la France, ce qui est une bonne chose pour les producteurs belges, nombreux à exporter vers ce pays. Pour rappel, le secteur était demandeur de cette suspension.

Suite à cette suspension, et sur base des informations transmises à mon administration par les Régions, nous savons que les producteurs ont dû utiliser un autre produit en 2016. Ce dernier a été utilisé à un stade plus précoce pour lutter contre la mouche de la cerise et lors d’un traitement supplémentaire avec le même insecticide pour lutter contre la drosophile. Il faut en effet savoir qu’il y a 2 espèces d’insectes ravageurs importants en cerise: la mouche de la cerise et la drosophile. Les dégâts de ces 2 insectes entraînent un déclassement des fruits.

Actuellement, il ressort qu’il manque un produit vraiment efficace pour protéger les cerises à maturité tardive des attaques de drosophiles. Les insecticides disponibles actuellement sont moins efficaces que le diméthoate et ne garantissent pas une pression moindre des ravageurs pour l’année suivante.

D’un point de vue règlementaire, la situation est la suivante: fin mars 2016, les Autorités françaises ont fait une notification demandant d’une part l’interdiction de l’usage de diméthoate en Europe et, d’autre part, l’interdiction de placer sur le marché des cerises provenant de pays où l’usage de diméthoate sur les cerisiers était autorisé. Etant donné l’absence de décision de la Commission européenne à ce sujet, le Comité d’agréation des pesticides à usage agricole a suspendu le 5 mai 2016 l’usage du diméthoate en cerises en Belgique afin de ne pas compromettre l’accès des cerises produites en Belgique au marché français. Cette suspension n’a pas été limitée dans le temps.

Concernant les limites maximales de résidus (dénommées LMR) de diméthoate, celles-ci sont toujours en cours d’examen et de révision au niveau européen. La LMR en cerise avait été diminuée à 0.2 mg/kg en attendant le processus de révision des LMRs, et est donc toujours à 0.2 mg/kg à l’heure actuelle. Si des nouveaux éléments apparaissent lors de l’évaluation du diméthoate au niveau européen ou lors de la révision des LMRs, la situation pourra être revue et ces LMR éventuellement diminuées.

En ce qui concerne les alternatives, il semble qu’il n’y ait hélas pas d’alternative biologique aussi efficace: le piégeage des insectes et les filets insect-proof sont insuffisamment efficaces et parfois très onéreux. Concernant les autres produits phytopharmaceutiques classiques, deux substances actives alternatives sont autorisées en Belgique pour lutter contre la drosophile, mais ce nombre trop réduit de produits et de leur nombre d’applications maximales ne permet pas de protéger efficacement les vergers qui rassemblent des variétés d’arbres de précocités différentes et donc dates de floraison fort différente.

Je terminerai en insistant sur le besoin de suffisamment de produits efficaces et sûrs ou de méthodes alternatives de lutte contre les ravageurs de nos cultures afin de soutenir nos producteurs.

Le développement de biopesticides (dérivés de matériaux naturels) et des produits phytopharmaceutiques à faible risque est notamment une de mes priorités. Des frais de dossiers moindres pour ce type de produits et un suivi rapide et adapté des dossiers par mon administration positionnent notamment notre pays comme un leader au niveau européen.

Mais je fais aussi appel à toutes les forces vives en recherche agronomique, compétence régionale dans notre pays, pour le développement de moyens de lutte innovants.