Madame la Ministre, 

Aujourd’hui, nous pouvons avancer que le cancer est une maladie génétique en ce sens que certains gènes du corps humain peuvent subir des modifications génétiques et provoquer un cancer. Nous savons aussi que l’origine d’un cancer peut être soit héréditaire soit environnementale.  

Les progrès en biotechnologie permettent de détecter et d’analyser ces modifications génétiques en extrayant  l’ADN et les protéines d’une tumeur. Les résultats de l’analyse ADN fournissent une vue moléculaire des modifications génétiques, une sorte de carte d’identité qui reprend les caractéristiques de la tumeur. Quant à l’analyse des protéines contenues dans la tumeur, celle-ci permet de discerner les résistances aux traitements anticancéreux qui se sont développées dans la cellule cancéreuse. 

Sur base de ce passeport moléculaire, il semble plus facile pour l’oncologue de prescrire un traitement spécifique parmi ceux qui existent ou sont en cours de développement dans des essais cliniques pour lutter contre la tumeur à laquelle il fait face. Ce traitement vise à détruire uniquement les cellules problématiques et non l’entièreté des cellules rencontrées (bonnes ou mauvaises) 

Parmi ces progrès non négligeable dans ce domaine, il existe également d’autres mécanismes qui permettent d’éviter de recourir à une biopsie de la tumeur pour suivre l’évolution et l’efficacité du traitement auquel le patient est soumis.  

En effet, un test au moyen d’une simple prise de sang a été développé afin d’identifier les résistances ou les récidives de la tumeur traitée dans un délai plus rapide que ce que n’offre les moyens actuels et apporte un avantage conséquent quant à l’anticipation d’éventuelles rechutes 

Malheureusement, le recours à ces différents tests implique des difficultés d’accessibilité pour les patients et ne sont pas pris en charge par l’INAMI. 

Madame la Ministre,  

  • Avez-vous déjà été sensibilisée par cette problématique ?  

  • Avez-vous des informations relatives aux succès de ces différents progrès ? 

  • L’examen relatif aux recours de ces différents progrès au sein des instances de l’INAMI est-il en cours ?  

  • Dans l’affirmative, pouvez-vous nous informer de l’état d’avancement de celui-ci ?  

  • Dans la négative, comptez-vous initier une réflexion sur ce sujet ?  

 

 

Réponse de Maggie De Block à la question n° 1456 de Caroline Cassart-Mailleux: 

Dans le cadre de la médecine personnalisée, le Centre du Cancer a rédigé un « roadbook » (un livre de route) sur l'introduction de la « Next Generation Sequencing » (NGS) dans le diagnostic de routine en oncologie et hémato-oncologie. Le Centre du Cancer est un organe consultatif scientifique dans le cadre de la politique du cancer, institué au sein de l'Institut scientifique de la Santé publique (ISP). Des conventions seront bientôt conclues avec des hôpitaux disposant de laboratoires spécialisés en biologie moléculaire et qui, dans le cadre de la médecine personnalisée, analyseront des panels de gènes qui permettront de déterminer, avec plus de précisions encore, le profil génétique de tissus cancéreux.  

Nos laboratoires de biologie moléculaire détectent déjà actuellement des anomalies génétiques sur des tissus cancéreux, ce qui permet entre autres d'entamer ou d'adapter un traitement à base d'un médicament spécifique. 

Les articles 33 et 33bis de la nomenclature des prestations de santé prévoient un remboursement de ces tests de biologie moléculaire. Un article 33ter élargissant le nombre de biomarqueurs qu'on pourra détecter est en cours d'élaboration. Tous les tests effectués seront en outre enregistrés dans un registre automatisé.  

Dans le cadre de cette même médecine personnalisée, une commission a été mise en place ; celle-ci se compose de représentants des différents organes politiques et d'experts qui suivent de près les évolutions dans ce domaine et qui conseillent les responsables politiques sur les nouveaux marqueurs ou panels de gènes à intégrer. 

Lorsque vous parlez de tests qui permettent de détecter la résistance d'une tumeur à un médicament ou une récidive tumorale, et plus particulièrement de tests pouvant être réalisés sur un simple échantillon de sang plutôt que sur une biopsie tissulaire de la tumeur, vous parlez sans doute de la « biopsie liquide ».  

Dans le sang d'un patient, on peut en effet trouver des cellules cancéreuses (des CTC = Circulating Tumor Cells) ou des particules d'ADN ou d'ARN qui circulent librement et qui proviennent de la tumeur. Ceci ouvre des perspectives sur le plan du diagnostic moléculaire et pas uniquement dans le domaine de l'oncologie. Ainsi, l'analyse de l'ADN fœtal qui se trouve dans le sang de la mère avant la naissance permet de détecter des anomalies génétiques fœtales telles que la trisomie 21. Cette biopsie liquide permet un prélèvement rapide, non invasif, indolore, sans risque et bon marché. On peut également y trouver du matériel tumoral originaire tant de la tumeur primaire que des métastases. 

L'examen critique des preuves scientifiques des résultats de la biopsie liquide est repris dans le Plan de travail de la « Commission médecine personnalisée » pour l'année 2017 comme prévu dans le Roadbook.