Madame la Ministre,
D’après l’association belge du diabète, 200.000 belges
ignorent qu’ils souffrent d’un diabète de type 2 ou d’un prédiabète.
Et pour cause, cette maladie a pour caractéristique d’être
asymptomatique et évolue de manière sournoise et insidieuse.
Cette dernière entraine des complications qui affectent
certains organes (les nerfs, le cœur, les artères, les yeux, les mains, les
pieds, les reins ou encore les dents) ou fonction de l’organisme.
Madame la Ministre,
-
Outre la prise de sang, quels sont les moyens les
plus courants permettant de détecter le diabète ?
-
Combien de cas de diabète ont été découverts
pour les années 2016,2015 et 2014 ?
-
Pouvez-vous me dire si, dans la pratique, les
médecins généralistes cherchent automatiquement à dépister le diabète
lorsqu’une prise de sang est à envisager pour leurs patients ?
o
Dans l’affirmative, quelles sont les raisons, outre
son caractère asymptomatique, qui freinent sa détection ?
o
Dans la négative, pour quelles raisons les
médecins généralistes ne font pas automatiquement ces tests? Est-il
envisageable de mettre en place une campagne de sensibilisation qui tend à
inviter les médecins généralistes à prendre ce réflexe lorsqu’une prise de sang
est à envisager ?
Réponse de Maggie De Block à la question n° 1479 de Caroline
Cassart-Mailleux:
1.
Le dépistage du diabètes de type 2 peut se faire au moyen d’un
questionnaire standardisé, de tests biochimiques (à partir d’un échantillon de
sang ou d’urine) ou d’une combinaison des deux.[1]
La méthode la plus recommandée est la méthodologie en deux étapes (case-finding) : n’effectuer un test de screening biochimique que
pour les patients à risque : d’abord,
on examine les facteurs de risque concernant le diabète sucré de type 2 au moyen d’un questionnaire, et ce, afin de réduire le nombre de demandes
de tests biochimiques. Une analyse en laboratoire est uniquement recommandée
pour les personnes présentant un risque accru. La méthode biochimique
recommandée pour le dépistage du diabète est une mesure de la glycémie à jeun sur
du sang veineux.
D’autres tests biochimiques, tels que les concentrations
glucidiques non à jeun ou la glycosurie, ne sont pas suffisamment spécifiques
ni sensitifs. La glycémie post prandiale (déterminée au moyen d’un test oral de
tolérance au glucose (Hyper Glycémie Per Os ou HGPO) est plus difficile à
standardiser et à interpréter en ce qui concerne le dépistage. Le test réalisé au
moyen d’un dispositif de mesure du glucose sanguin (dispositif autopiqueur ou
mesure de glycémie capillaire) est prévu pour les personnes diabétiques en tant
que dispositif d’auto-soins et n’est pas approprié pour le dépistage. La mesure
de l'hémoglobine glyquée (ou HbA1c) par prélèvement sanguin constitue une
alternative moins sensible pour les personnes pour lesquelles il est difficile d’être
à jeun.
En cas de dépistage positif, le patient doit être adressé pour l’établissement
du diagnostic.
2.
Il est possible d’évaluer le nombre de personnes diabétiques sur
la base de la consommation de médicaments, voire sur la base des informations
rapportées dans l’enquête de santé belge. D’après les chiffres de l’agence
intermutualiste AIM et sur la base des antidiabétiques délivrés ou la
nomenclature faisant référence au diabète (convention diabète, passeport
diabète, trajet de soins diabète), nous pouvons communiquer qu’en 2014, 6.0 %
de la population belge étaient confrontés aux soins diabétiques. Les chiffres
pour 2015-2016 ne sont pas encore connus. Sachant que la méthode initiale de
traitement du diabète réside dans la modification du style de vie
(alimentation-mouvement-tabagisme) pendant au moins 3 mois, les patients
diabétiques ne seront donc pas tous dépistés sur la base de la consommation de
médicaments.
D’après l’enquête de santé belge de 2013 (qui est basée sur
l’auto-rapportage et qui implique donc éventuellement une sous-estimation), il
y aurait eu, en Belgique, une augmentation de la prévalence du diabète de 2,7%
à 5,3% entre 1997 et 2013.
D’après les données de la banque de données INTEGO (qui est
représentative pour les pratiques de médecins généralistes flamands), il y a
chaque année environ 23.500 nouveaux patients diabétiques de type 2, ce qui
signifie 2 à 3 diagnostics par pratique de médecins généralistes sur une base
annuelle.
Dans le cadre de l’Initiative pour la Promotion de la Qualité et
Épidémiologie du Diabète Sucré (IPQED), une étude menée par l’ISP, nous
disposons du nombre de patients faisant l’objet d’une convention diabète. Le
dernier rapport date cependant déjà de 2011. À l’époque, il y avait 110.779 patients
diabétiques conventionnés, dont 27.485 patients
du type 1 et 77.135 du type 2.
Sur la base des chiffres de production que doivent transmettre les
centres à l’INAMI, nous sommes toutefois en mesure de faire une estimation du
nombre total de patients conventionnés, mais nous ne pouvons pas faire de
distinction entre les patients de type 1 et 2. Pour l’année 2015, il s’agissait
d’environ 104.244 patients.
3.
Une généralisation du dépistage du diabète chez les personnes
asymptomatiques n’est pas recommandée,
en raison du coût du dépistage par rapport au faible nombre de personnes supplémentaires
qui pourraient être dépistées. Même si le diabète a un impact important sur les soins de santé et
la qualité de vie, il n’y a pas suffisamment d’éléments pour prouver qu’une
généralisation du dépistage représenterait un gain important pour la santé
(diminution des événements cardiovasculaires et des décès).
Cependant, un screening ciblé
spontané au moyen d’une méthodologie en
deux étapes est recommandé :
d’abord contrôler les facteurs de risque concernant le diabète sucré de type 2 au
moyen d’un questionnaire chez toutes les personnes de plus de 40 ans et ce,
afin de réduire les demandes de tests biochimiques (et les coûts y afférents).
Outre la directive générale relative au dépistage du diabète, il
existe déjà des initiatives visant à l’implémentation d’un modèle de screening,
de détection précoce et de prévention du diabète de type 2 à l’intention des
médecins généralistes dans le cadre des soins de santé de première ligne (HALT2diabetes
project).
Avec l’arrivée des tests point of care (POCT) et des auto-tests,
il devient possible de prendre rapidement connaissance des résultats d’un test biochimique.
L’orientation service à l’égard des patients augmente et les centres de
diagnostic et les laboratoires facilitent de plus en plus souvent l’utilisation
des POCT dans les pratiques de médecine générale.
Il existe déjà des directives pour l’utilisation des tests POCT au
sein des hôpitaux, comme au service des urgences de l’hôpital. Mais il n’existe
pas encore de directive en ce qui concerne l’utilisation des tests POCT dans
les pratiques de médecine générale et en dehors de celles-ci ; cela
nécessite une étude plus approfondie à cet égard.
Par ailleurs, des projets pilotes ont été lancés par le Koninklijk
Limburgs Apothekers verbond, dans le cadre desquels un screening du diabète en
deux étapes a été réalisé à la pharmacie au moyen d’auto-tests (pas de
diagnostic mais facteurs de risque + auto-test prise de sang) et les patients
présentant un risque accru ont été adressés à un médecin.
[1] Report of a World Health Organization and International Diabetes
Federation meeting –Screening for Type 2 Diabetes 2003 (http://www.who.int/diabetes/publications/en/screening_mnc03.pdf).
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