Madame la Ministre,
J’ai été interpellée, comme beaucoup d’autres de
mes collègues, au sujet de la maladie de Lyme.
Il m’est revenu que le test ELISA utilisé pour
diagnostiquer la maladie n’est pas fiable.
Madame la Ministre,
Pouvez-vous m’en dire plus sur le test ELISA ?
Pouvez-vous m’indiquer quelles sont les raisons qui remettent en cause sa fiabilité ?
Où en sont les recherches pour le traitement de la
maladie de Lyme ?
Depuis 2014, chez combien de personnes a-t-on
diagnostiqué la maladie de Lyme ?
Pouvez-vous m’indiquer quels sont les traitements
utilisés actuellement pour traiter cette maladie ? Qu’en est-il de leur
efficacité ?
Enfin, pouvez-vous m’indiquer quels sont les moyens
de prévention mis en place pour lutter contre cette maladie ?
Réponse
de Maggie De Block à la question n° 1932 de Caroline Cassart-Mailleux:
1. Plus
de 99 % des personnes souffrant de la borréliose de Lyme développent des
anticorps contre la bactérie Borrelia
burgdorferi sensu lato (s.l.) dans un délai de 6 à 8 semaines. Le test
ELISA est un test immuno-enzymatique de dépistage de ces anticorps dans le sang
ou le liquide céphalo-rachidien. Il s’agit du test de laboratoire privilégié
pour le dépistage des manifestations disséminées (précoces et tardives) de la
maladie (neuroborréliose, arthrite, cardite…). Le test ELISA est
« sensible » (cela signifie qu’il génère peu de faux résultats
négatifs), sauf à un stade précoce de la maladie. En cas de résultat positif ou
de cas douteux, un deuxième test (Immunoblot,
Western blot), plus spécifique (cela signifie qu’il livre moins de faux
résultats positifs) est réalisé pour
confirmer ou infirmer le résultat du dépistage.
1) Globalement,
le test ELISA n’est pas recommandé chez les personnes ne présentant aucun
symptôme ou présentant des symptômes non spécifiques (comme de la fatigue, des
douleurs généralisées, etc.). Si les symptômes sont présents depuis plus de 6 à
8 semaines, un résultat de test sérologique négatif est très certainement
correct et l’examen ne doit pas être répété ou appuyé par d’autres méthodes. Il
convient alors de chercher une autre explication aux symptômes. Les
recommandations en matière de prescription et d’interprétation des tests
sérologiques pour la maladie de Lyme ont été (ré)évaluées très récemment par un
groupe d’experts européens de l’ESGBOR (European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases, Study Group for Lyme
Borreliosis: Dassau RB et al., Clinical Microbiology and Infection, 2017), ainsi que par les
experts belges dans une directive de la Commission belge de coordination de la politique
antibiotique (BAPCOC).
2. Dans sa directive, récemment revue, sur le
traitement de la maladie de Lyme en Belgique (basée sur la littérature parue),
le groupe de travail de la BAPCOC précise qu’aucune résistance aux
antibiotiques n’a, à ce jour, été rapportée pour la borréliose de Lyme.
Différentes études se sont penchées sur l’utilité d’une durée de traitement plus
longue ou d’une combinaison d’antibiotiques et ont conclu que cela n’est pas
idiqué, en raison de l’efficacité non démontrée d’une telle approche et de la
toxicité potentielle et des effets néfastes pour le patient, l’exposant
inutilement à des antibiotiques.
3. La
surveillance de la borréliose de Lyme en Belgique concerne une estimation faite
sur le nombre de personnes présentant un érythème migrant (manifestation la
plus fréquente de la maladie), sur la base de données du réseau de médecins vigies.
En 2015 et 2016, le nombre de consultations chez un médecin généraliste pour un
érythème migrant était estimé à 10,6 (IC95 % 9,5-11,9) pour 10 000
personnes par an, ce qui correspond à environ 12 000 personnes en Belgique
chaque année.
La surveillance par le réseau de laboratoires vigies montre une
augmentation du nombre de résultats sérologiques positifs pour B. burgdorferi s.l. depuis 2013, en
Wallonie et à Bruxelles. Le nombre total de résultats sérologiques positifs
rapportés en Belgique était de 1561 en 2015 et de 1949 en 2016. Toutefois,
cette augmentation correspond également à une augmentation importante du nombre
de tests sérologiques réalisés (tests Elisa et Western Blot), à partir de la
même année. Il est donc difficile de dire s’il s’agit d’une recrudescence de la
maladie, ou d’une détection d’anciennes infections guéries ou asymptomatiques.
En effet, les anticorps pouvant rester positifs pendant des années, un résultat
sérologique positif ne signifie pas toujours que la personne souffre actuellement
d’une borréliose de Lyme, mais indique simplement que le patient a, un jour,
été en contact avec la bactérie Borrelia
burgdorferi s.l.. La source la plus fiable est donc la surveillance
des érythèmes migrants par les médecins vigies.
4. Les
recommandations pour le traitement de la borréliose de Lyme en Belgique, revue
fin 2016, peuvent être consultées sur le site Web de la BAPCOC : http://organesdeconcertation.sante.belgique.be/fr/documents/recommandations-borreliose-de-lyme-2017.
Les recommandations formulées sont conformes à celles d’autres pays européens.
Toutes les manifestations cliniques
de la borréliose de Lyme doivent faire l’objet d’une antibiothérapie ciblée,
pour une durée de 10 à 28 jours. Par contre, une sérologie positive sans
symptomatologie caractéristique est une séquelle sérologique (ancienne
exposition à la bactérie) ou un faux positif et ne doit pas être traitée, afin
d’éviter une exposition inappropriée aux antibiotiques.
5. La prévention de la borréliose de Lyme repose sur une
réduction de l’exposition aux tiques, surtout pendant la saison à risque (du
printemps à l’automne), et sur le retrait rapide de la tique. Un traitement
antibiotique préventif après une morsure n’est pas recommandé.
Il est donc
important de sensibiliser le grand public et les groupes à risque (travailleurs
forestiers, promeneurs, mouvements de jeunesse…) sur les tiques. La prévention
est une compétence des entités fédérées. En 2017, l’Agence pour une Vie de Qualité (AViQ) et l’Agentschap
Zorg en Gezondheid (AZG) ont toutes deux mis du nouveau matériel d’information
à la disposition du public, sous la forme de brochures et d’une affiche en
Wallonie et sous la forme d’une page Web en Flandre (tekenbeten.be). L’AZG
prévoit une campagne d’information par différents canaux dès le début de la
prochaine saison (printemps 2018). Par ailleurs, même en l’absence de
grandes campagnes de sensibilisation, la maladie de Lyme fait régulièrement l’objet
de communiqués, d’articles ou de reportages dans les médias. Des informations
sur les mesures de prévention sont également disponibles sur différents sites
Web, comme TiquesNet.
Outre la
prévention, le diagnostic rapide de la maladie est important. Dans ce cadre,
les médecins généralistes et spécialistes ont reçu des informations sur le
diagnostic et le traitement de la maladie de Lyme grâce à la directive rédigée
par la BAPCOC.
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