Monsieur le Ministre,

 

Les exploitations agricoles belges connaissent des difficultés non négligeables. Vous en êtes par ailleurs bien conscient et à cet effet vous avez souhaité agir le plus efficacement, en étant actif là où vous pouvez l’être.

J’en veux pour preuve le maintien du taux de fiscalité favorable au secteur, la suppression des cotisations 2014 des éleveurs de porcs au fond de santé animale et les diverses rencontres réalisées avec les représentants du secteur afin d’appréhender au mieux les enjeux et les perspectives des diverses filières du monde agricole.

 

Afin de parfaire votre démarche et de réaliser une « photographie » exacte de la situation rencontrée par le secteur agricole, vous avez chargé l’Observatoire des prix de remettre un avis.

Monsieur le Ministre,

·        Une analyse du prix de vente des produits agricoles et des intrants nécessaires au bon fonctionnement des exploitations agricoles est-elle en court voire finalisée ?

·        Certains secteurs agricoles apparaissent-ils en difficultés plus que d’autres ?

·        Quel type d’appui peut donner l’observatoire des prix au secteur agricole ?

·        Quelles sont les missions de l’Observatoire ? Son rôle ?

 

 

 

 

 

 

Willy Borsus, ministre: Madame la députée, indépendamment de son rôle historique bien connu, qui consiste notamment à surveiller l'inflation et l'évolution d'un certain nombre de prix et à établir des rapports annuels concernant ses domaines d'observation, l'Observatoire des prix a aussi des missions spécifiques qui ont été définies en 2013 et qui ont élargi son domaine de compétences.

 

Le soutien de l'Observatoire des prix au secteur agricole s'est effectué par le biais d'analyses de trois filières agricoles, à la grande satisfaction des maillons desdites filières. Ceci concerne les produits laitiers, le bœuf et le porc. Ces études, réalisées en 2009, ont été actualisées en 2013 pour le bœuf, en 2014 pour les produits laitiers et le seront prochainement pour le porc. Elles contribuent à mettre en évidence les différents postes de coût, les mécanismes d'évolution de transmission des prix, les marges et le fonctionnement de marché pour les différents maillons de ces filières.

 

À la suite des analyses menées par l'Observatoire des prix dans le cadre de l'ICN, le SPF Économie s'est révélé être un acteur extrêmement important dans l'appui à la concertation de la chaîne agroalimentaire.

 

Cette concertation a en effet consisté en une série de rencontres impliquant les différents acteurs agricoles ou intervenants dans la chaîne. Les objectifs de cette concertation ont été d'apporter plus de transparence en termes de prix au travers de toute la filière agricole; chaque maillon est par ce fait tenu informé de la situation économique de l'ensemble des acteurs de la filière à laquelle il appartient.

 

Le SPF Économie, de plus en plus impliqué dans la concertation du secteur agricole, fonctionne comme un partenaire neutre qui a pour but d'aider à encadrer le marché par des analyses objectives. Un exemple concret du rôle du SPF Économie réside dans la publication d'un indice pour le bœuf publié mensuellement sur le site du SPF. En effet, à la demande de la concertation de la chaîne de la viande bovine, le SPF Économie a développé un indice qui montre l'évolution des principaux coûts pour les éleveurs de bovins, en particuliers le coût des intrants, de l'alimentation, mais aussi l'évolution du prix payé à ces éleveurs. Lorsque les marges brutes de l'éleveur sont trop fragiles, cet indice agit ainsi comme un signal d'alarme pour les différents acteurs de la filière. Pour un bon fonctionnement du marché, l'éleveur doit donc connaître tous les éléments qui ont un impact sur sa situation financière. De plus, les relations positives entre les différents maillons de la filière sont aussi importantes et le travail de l'Observatoire contribue à cet objectif.

 

Vous évoquiez enfin les difficultés de trésorerie rencontrées par les exploitations agricoles.

 

Avant toute chose, il est bon de rappeler que l'analyse de la rentabilité des exploitations est une compétence dévolue aux Régions. Dès lors, celles-ci sont en première ligne pour l'analyse des secteurs en difficulté mais nous souhaitons être acteurs dans les domaines de compétence qui sont les nôtres, notamment à travers la rédaction des études sur le secteur. Par exemple, les exploitations porcines font face à des problèmes de rentabilité depuis 2010, notamment liés aux prix des carcasses et des aliments. Les entreprises du secteur laitier sont également dans une situation compliquée. En comparaison avec l'année 2013, certains coûts ont augmenté, comme les aliments pour le bétail et l'énergie. Parallèlement, après avoir connu de bonnes années au niveau des prix de vente, avec respectivement 35 et 42 cents par litre (prix réel), celui-ci a diminué à la fin de 2014 et début 2015 et s'est stabilisé à 30,2 cents par litre à la suite d'une offre mondiale importante, une diminution de consommation en Chine, à la fin des quotas et aux conséquences de l'embargo russe.

 

Pour ce qui concerne enfin la viande bovine, les difficultés paraissent moins aiguës, même si le marché, aujourd'hui tendu, doit faire l'objet d'une surveillance particulière. On sait que suite à l'embargo russe, une série de produits alimentaires ont fait face à des situations difficiles: les secteurs des fruits, également de certains légumes. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le commissaire européen de mesures que nous avons proposées à cet égard.

 

Dernier élément: que va faire l'Observatoire prochainement? L'Observatoire des prix conclut pour le moment la mise à jour de son étude Prix, coûts et marges dans la filière porcine. J'ai reçu d'autres questions sur le sujet de ce secteur qui est aujourd'hui confronté à une situation extrêmement délicate. J'ai donc la volonté de faire de l'analyse que l'Observatoire va incessamment nous transmettre un outil d'action supplémentaire. Le tout est mené en concertation avec l'Agrofront, avec lequel nous avons discuté de ces actions.

 

Je voudrais terminer en signalant que nous avons demandé au Conseil européen de ce 23 janvier de veiller à ce que le même outil puisse être utilisé au niveau européen. Par ailleurs, nous avons demandé au commissaire européen, qui a relayé auprès de sa collègue en charge de la concurrence, une étude concernant le prix des intrants, singulièrement des engrais, qui nous paraît anormalement élevé.

 

06.03  Caroline Cassart-Mailleux (MR): Monsieur le ministre, je vous remercie pour votre réponse complète. Vous savez comme moi que la plupart des matières agricoles sont régionalisées. À chacun son rôle. Mais il est indispensable que le fédéral, vous en l'occurrence, soyez, et vous l'assumez tout à fait, l'interlocuteur du secteur en ce qui concerne l'Observatoire des prix.

 

Les différentes marges, vous venez de l'expliquer: le prix des engrais, le prix de vente. Je crois que nous avons ce rôle-là à jouer. Nous allons le remplir pleinement, car il est indispensable pour le secteur. Je répète que chaque entité a ses compétences. La Région wallonne a aussi un rôle à jouer dans ce domaine.