QUestion orale - L'analyse de l'Observatoire des prix quant aux difficultés de trésorerie des exploitations agricoles - mars 2015.
Publié le 01/01/1970 à 01:00
Monsieur
le Ministre,
Les
exploitations agricoles belges connaissent des difficultés non négligeables.
Vous en êtes par ailleurs bien conscient et à cet effet vous avez souhaité agir
le plus efficacement, en étant actif là où vous pouvez l’être.
J’en veux pour preuve le maintien du taux de fiscalité favorable au secteur, la
suppression des cotisations 2014 des éleveurs de porcs au fond de santé animale
et les diverses rencontres réalisées avec les représentants du secteur afin
d’appréhender au mieux les enjeux et les perspectives des diverses filières du
monde agricole.
Afin de parfaire votre démarche et de réaliser une
« photographie » exacte de la situation rencontrée par le secteur
agricole, vous avez chargé l’Observatoire des prix de remettre un avis.
Monsieur le Ministre,
·
Une analyse du prix de vente
des produits agricoles et des intrants nécessaires au bon fonctionnement des
exploitations agricoles est-elle en court voire finalisée ?
·
Certains secteurs agricoles
apparaissent-ils en difficultés plus que d’autres ?
·
Quel type d’appui peut donner
l’observatoire des prix au secteur agricole ?
·
Quelles sont les missions de
l’Observatoire ? Son rôle ?
Willy Borsus, ministre: Madame la députée,
indépendamment de son rôle historique bien connu, qui consiste notamment à
surveiller l'inflation et l'évolution d'un certain nombre de prix et à établir
des rapports annuels concernant ses domaines d'observation, l'Observatoire des
prix a aussi des missions spécifiques qui ont été définies en 2013 et qui ont
élargi son domaine de compétences.
Le soutien de l'Observatoire
des prix au secteur agricole s'est effectué par le biais d'analyses de trois
filières agricoles, à la grande satisfaction des maillons desdites filières.
Ceci concerne les produits laitiers, le bœuf et le porc. Ces études, réalisées
en 2009, ont été actualisées en 2013 pour le bœuf, en 2014 pour les produits
laitiers et le seront prochainement pour le porc. Elles contribuent à mettre en
évidence les différents postes de coût, les mécanismes d'évolution de
transmission des prix, les marges et le fonctionnement de marché pour les
différents maillons de ces filières.
À la suite des analyses menées
par l'Observatoire des prix dans le cadre de l'ICN, le SPF Économie s'est
révélé être un acteur extrêmement important dans l'appui à la concertation de
la chaîne agroalimentaire.
Cette
concertation a en effet consisté en une série de rencontres impliquant les
différents acteurs agricoles ou intervenants dans la chaîne. Les objectifs de
cette concertation ont été d'apporter plus de transparence en termes de prix au
travers de toute la filière agricole; chaque maillon est par ce fait tenu
informé de la situation économique de l'ensemble des acteurs de la filière à
laquelle il appartient.
Le SPF Économie, de plus
en plus impliqué dans la concertation du secteur agricole, fonctionne comme un
partenaire neutre qui a pour but d'aider à encadrer le marché par des analyses
objectives. Un exemple concret du rôle du SPF Économie réside dans la publication
d'un indice pour le bœuf publié mensuellement sur le site du SPF. En effet, à
la demande de la concertation de la chaîne de la viande bovine, le
SPF Économie a développé un indice qui montre l'évolution des principaux
coûts pour les éleveurs de bovins, en particuliers le coût des intrants, de
l'alimentation, mais aussi l'évolution du prix payé à ces éleveurs. Lorsque les
marges brutes de l'éleveur sont trop fragiles, cet indice agit ainsi comme un
signal d'alarme pour les différents acteurs de la filière. Pour un bon
fonctionnement du marché, l'éleveur doit donc connaître tous les éléments qui
ont un impact sur sa situation financière. De plus, les relations positives
entre les différents maillons de la filière sont aussi importantes et le
travail de l'Observatoire contribue à cet objectif.
Vous évoquiez enfin les
difficultés de trésorerie rencontrées par les exploitations agricoles.
Avant toute chose, il est bon
de rappeler que l'analyse de la rentabilité des exploitations est une
compétence dévolue aux Régions. Dès lors, celles-ci sont en première ligne pour
l'analyse des secteurs en difficulté mais nous souhaitons être acteurs dans les
domaines de compétence qui sont les nôtres, notamment à travers la rédaction
des études sur le secteur. Par exemple, les exploitations porcines font face à
des problèmes de rentabilité depuis 2010, notamment liés aux prix des
carcasses et des aliments. Les entreprises du secteur laitier sont également
dans une situation compliquée. En comparaison avec l'année 2013, certains
coûts ont augmenté, comme les aliments pour le bétail et l'énergie.
Parallèlement, après avoir connu de bonnes années au niveau des prix de vente,
avec respectivement 35 et 42 cents par litre (prix réel), celui-ci a
diminué à la fin de 2014 et début 2015 et s'est stabilisé à 30,2 cents par
litre à la suite d'une offre mondiale importante, une diminution de
consommation en Chine, à la fin des quotas et aux conséquences de l'embargo
russe.
Pour ce qui
concerne enfin la viande bovine, les difficultés paraissent moins aiguës, même
si le marché, aujourd'hui tendu, doit faire l'objet d'une surveillance
particulière. On sait que suite à l'embargo russe, une série de produits
alimentaires ont fait face à des situations difficiles: les secteurs des
fruits, également de certains légumes. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec
le commissaire européen de mesures que nous avons proposées à cet égard.
Dernier élément: que va faire
l'Observatoire prochainement? L'Observatoire des prix conclut pour le moment la
mise à jour de son étude Prix, coûts et marges dans la filière
porcine. J'ai reçu d'autres questions sur le sujet de ce secteur qui est
aujourd'hui confronté à une situation extrêmement délicate. J'ai donc la
volonté de faire de l'analyse que l'Observatoire va incessamment nous
transmettre un outil d'action supplémentaire. Le tout est mené en concertation
avec l'Agrofront, avec lequel nous avons discuté de ces actions.
Je voudrais terminer en
signalant que nous avons demandé au Conseil européen de ce 23 janvier de
veiller à ce que le même outil puisse être utilisé au niveau européen. Par
ailleurs, nous avons demandé au commissaire européen, qui a relayé auprès de sa
collègue en charge de la concurrence, une étude concernant le prix des
intrants, singulièrement des engrais, qui nous paraît anormalement élevé.
06.03 Caroline Cassart-Mailleux (MR): Monsieur
le ministre, je vous remercie pour votre réponse complète. Vous savez comme moi
que la plupart des matières agricoles sont régionalisées. À chacun son rôle.
Mais il est indispensable que le fédéral, vous en l'occurrence, soyez, et vous
l'assumez tout à fait, l'interlocuteur du secteur en ce qui concerne
l'Observatoire des prix.
Les différentes marges, vous venez de l'expliquer: le prix des engrais, le prix de vente. Je crois que nous avons ce rôle-là à jouer. Nous allons le remplir pleinement, car il est indispensable pour le secteur. Je répète que chaque entité a ses compétences. La Région wallonne a aussi un rôle à jouer dans ce domaine.
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