Monsieur le Ministre,

 

Dans la foulée de la journée de la femme du 8 mars dernier, les difficultés rencontrées par les mamans indépendantes ont été mises en exergue :

Il semblerait que près de 70% des femmes entrepreneurs ont des difficultés à combiner activités professionnelle et vie familiale.

Fin 2014, on comptabilisait en Belgique 349.196 femmes indépendantes.

 

Monsieur le Ministre, j’aurais souhaité faire le point sur cette problématique :

·        Confirmez-vous ces chiffres ?

·        Quelle est la proportion de femmes indépendants et d’hommes indépendants ?

·        Pouvez-vous épingler les problématiques spécifiques résultant de l’entrepreneuriat féminin ?

·        Quelles sont les mesures mises en œuvre pour booster l’entreprenariat féminin ?

·        Qu’en est-il de l’impact de l’excellente initiative du réseau Diane ? Réseau qui regroupe 20 ambassadrices francophones et néerlandophones, créatrices ou repreneuses d’entreprise…

Réponse du Ministre :

1. Au 31 décembre 2014, 349.196 femmes exerçaient une activité indépendante et étaient dès lors effectivement affiliées (source: statistique trimestrielle des personnes assujetties du 4e trimestre 2014). Ces données viennent des caisses d'assurances sociales. À l'occasion d'un sondage du SNI (Syndicat Neutre pour Indépendants), 67 % des femmes entrepreneures interrogées ont répondu éprouver des difficultés à combiner une carrière d'indépendante et une vie privée. 2. Selon le même document trimestriel du 4e trimestre 2014, il y avait, au 31 décembre 2014, au total, 1.015.202 assujettis (666.006 hommes ou 65,6 % et 349.196 femmes ou 34,4 %). 3. Différentes études ont permis d'identifier les problématiques spécifiques liées à l'entrepreneuriat féminin. - L'influence familiale la difficulté de combiner entreprise et vie de famille peut être vue comme un frein, tout comme le modèle traditionnel de la famille (répartition des tâches domestiques). Le choix entre famille et entreprise semble être un dilemme qui touche plus les femmes que les hommes. - La gestion du risque Une étude française identifiait, en 2005 déjà, deux conceptions distinctes du risque: le risque lié au statut d'indépendant d'une part et le risque lié aux aspects financiers d'autre part. Le risque est une variable subjective et elle est aussi liée au statut des entrepreneures avant la création de leur entreprise. Le passage du statut d'employée au statut d'entrepreneure entraîne une diminution de protection sociale et une plus grande incertitude quant au salaire perçu ou à la réussite du projet. Les femmes au chômage, elles, font le choix de quitter une situation précaire pour entrer dans une autre situation, peut être précaire également, mais plus acceptable socialement. - L'accès au financement On constate que les femmes entrepreneures recourent moins à l'emprunt que leurs homologues masculins, tant pour démarrer leur activité que pour la financer par la suite. Selon une enquête menée par l'OCDE en 2012, il existe un écart qui tend à s'agrandir depuis fin 2010 en défaveur des femmes. Une des raisons qui pourrait expliquer la différence de traitement subie par les femmes entrepreneures serait le manque d'actifs auxquels les prêteurs portent de la valeur, comme l'expérience, les ressources, la trésorerie, les garanties, etc. La difficulté de recourir à un emprunt peut également s'accentuer chez les femmes célibataires, mères divorcées ou chez les demandeuses d'emploi. - Les qualifications, diplômes et expérience Le manque d'expérience et de compétences en gestion d'entreprise est considéré comme un des freins majeurs à la création et, dans les filières d'études financières et d'ingénieurs de gestion, les femmes sont relativement moins présentes que les hommes. Plusieurs études mettent aussi en avant le manque de connaissances relatives aux démarches administratives, qui semblent souvent insurmontable et sont considérées par beaucoup comme facteur de découragement. - Les modèles traditionnels Le modèle traditionnel de l'entreprise reste aujourd'hui essentiellement masculin, notamment lorsque l'on s'intéresse aux fonctions dirigeantes. - L'identification La création et la gestion d'entreprise sont perçues, tant par les femmes que par les hommes, comme un défi dont la réussite est loin d'être assurée. La réussite nécessite du talent, de la motivation et des compétences entrepreneuriales. Les femmes ont souvent moins d'expérience que les hommes, doutent de leurs propres compétences et ont une plus grande aversion au risque. De plus, les femmes entrepreneures sont peu mises en valeur, ce qui entraîne un découragement lié à la difficulté de se projeter dans une vie d'entrepreneure. - La problématique des réseaux Les femmes disposent d'un réseau de relations moins important que celui des hommes. Celui-ci est moins étendu et moins tourné vers une stratégie professionnelle. Ceci est paradoxal dans la mesure où les femmes se font davantage accompagner lors de la création de leur entreprise. 4. Tout d'abord, sachez que j'ai pris certaines décisions en faveur des entrepreneuses qui sont devenues mères. L'adaptation au bien-être fera augmenter l'allocation de maternité à 449,31 euros bruts par semaine. Une amélioration interviendra également dans le système d'aidant proche: i. une instauration d'une prestation unique "Aide pour l'indépendant dont le conjoint, l'enfant, l'enfant du conjoint ou le parent- alliés jusqu'au 2e degré est gravement malade"; ii. l' augmentation du montant de la prestation financière; iii. extension du champ d'application personnel (jusqu'au parent ou allié au 2e degré); iv. et une extension du champ d'application matériel: aide à un enfant handicapé de moins de 25 ans. Par ailleurs, j'ai demandé à mon administration d'affiner la qualité des chiffres dont elle dispose sur l'entreprenariat féminin. Ceux-ci seront transmis mensuellement à mon cabinet. Comme le dit l'expression flamande: "meten is weten" ("mesurer, c'est savoir"). Prendre la mesure des difficultés spécifiques liées à l'entrepreneuriat féminin aidera à y remédier (chiffres par exemple sur l'accès des femmes au financement. Nécessité de sensibiliser les banques/ intermédiaires financiers à l'importance de l'entrepreneuriat féminin? Chiffres montrant la pérennité et la productivité des entreprises lancées par des femmes, etc.). 5. En Belgique, on trouve aujourd'hui plusieurs réseaux dédiés spécifiquement aux entrepreneures. On pourrait citer Bruxelles Pionnières, Artemis, Markant, Wonder women, Mompreneurs, Femmes Actives en Réseau, Féminin PME, Diane, le cercle Olympe, Women in Business, etc. Le premier réseau des femmes entrepreneures, l'Association Belge des Femmes Chefs d'Entreprises (FCE-VVB) a été créé en 1948 déjà. Le Réseau Diane a été initié par l'UCM (Union des Classes Moyennes) en 2005. Il mise sur le renforcement de la confiance, la croissance et l'accès à une meilleure maîtrise des aspects financiers (connaissance et accès), des éléments-clés pour permettre aux femmes entrepreneures de mener à bien leur projet. Les futures créatrices d'entreprises sont tout autant des étudiantes que des cinquantenaires désireuse de réaliser un nouvel objectif professionnel. Aucune analyse d'impact n'a été menée jusqu'à présent, mais, les activités proposées affichant régulièrement "complet", m'amènent à penser que les ateliers et le programme de mentorat répondent à une réelle demande. En 2014, un peu plus de 1.200 femmes ont participé à un des événements organisé par ce réseau. En Flandre, son équivalent est le réseau Artemis, qui est lié à l'UNIZO (Unie van Zelfstandige Ondernemers).

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