Madame la Ministre,

 

Les autorités sanitaires françaises ont appelé à la vigilance envers le moustique tigre vecteur potentiel de plusieurs maladies graves comme la dengue, le chikungunya et la fièvre jaune.

 

Le moustique tigre reconnaissable aux rayures noires et blanches qu’il présente sur ses pattes et sur son corps, serait, d’après Direction générale de la santé, présent en France dans 42 départements.

 

Madame la Ministre,

 

La présence de moustiques tigres a-t-elle été détectée en Belgique ?

La piqûre d’un moustique tigre est-elle différente de celle d’un moustique ordinaire ? Par quoi les distingue-t-on ?

Que faut-il faire en cas de piqûre par un moustique tigre ?

Quels sont les traitements en cas de piqûre ?

Que faut-il mettre en place pour se prémunir de ces piqûres ?

 

 

Réponse de Maggie De Block à la question n° 2404 de Caroline Cassart-Mailleux:

 

1. À ce jour, les moustiques tigres (Aedes albopictus) ne sont pas installés en Belgique, mais des petits foyers sont sporadiquement retrouvés de manière circonscrite en Belgique. En effet, le moustique a notamment été capturé en 2013 dans un conteneur avec des plantes Lucky-bambou dans le port d'Anvers et chez un commerçant de pneus en Flandre orientale.

 

En 2014, des larves du moustique ont été détectées dans une cargaison de plantes Lucky-bambou à Anvers, et à la même période, des œufs de moustiques ont été retrouvés chez un commerçant de ces plantes en Flandre orientale. En 2015, autour d’une entreprise d’importation de lucky bambou en Flandre orientale et en 2016, dans deux entreprises de pneus usagés (une dans la province du Hainaut et l’autre en Flandre orientale), ainsi que dans la même  entreprise d’importation de lucky bambou.

 

Dans tous ces cas, des mesures de contrôle (mécaniques et chimiques) ont été mises en place avec succès et par conséquence, les foyers de moustiques éliminés.

 

En 2017 et jusqu’en en avril 2018, aucun foyer de moustique tigre (Aedes albopictus) n’a été détecté en Belgique.

 

Actuellement, il existe en Belgique, un projet de trois ans financé par les autorités fédérales et régionales pour la surveillance des moustiques exotiques, dont les moustiques tigres, sur des sites à risque d'importation en Belgique. Ce projet a démarré en 2017 sur tout le territoire et a pour objectif de surveiller activement les moustiques exotiques afin de détecter l'introduction éventuelle de ces moustiques et mettre en place rapidement des mesures de contrôle pour l’élimination des foyers. Ce projet est mené par l'Institut de Médecine Tropicale (IMT) en collaboration avec l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique et le BopCo (Barcoding of Organisms and Tissues of Policy Concern), et s’inscrit dans le cadre de l'accord de coopération national portant sur les domaines de la politique de l'environnement et de la santé (NEHAP).

 

2. Il n’y a pas de différence entre la piqûre d’un moustique tigre et celle d’une autre espèce de moustique. La piqûre d’un moustique tigre est en général totalement inoffensive. Elle peut être ressentie lorsqu’il pique et démange comme celle de tout moustique. Une piqure de moustique peut cependant provoquer, chez certaines personnes, des réactions inflammatoires ou allergiques (parfois plusieurs centimètres de diamètre avec éventuellement un œdème chaud et douloureux ou fortes démangeaisons).

 

3. La piqûre du moustique tigre est semblable à celle d’un autre moustique mais celle-ci ont lieu généralement pendant la journée et de préférence à l'extérieur. Actuellement, dans les pays Européen où les moustiques tigres sont installés (en Italie, le sud de la France et en Espagne), Aedes albopictus est considéré comme une nuisance grave pour les humains car il réduit considérablement la qualité de vie dans les zones infestées.

 

 

4. Aucune mesure particulière n’est à prendre après la piqure d’un moustique excepté l’application de topiques antiprurigineux ou de froid (ex. : poche froide, glaçons) sur la zone de la piqûre pour soulager les démangeaisons.

 

Les moustiques tigres sont des vecteurs de maladies comme le chikungunya, la dengue ou le Zika. Des foyers de ces maladies ont déjà été décrits dans les pays où le moustique est installé. Il faut pour ce faire que le moustique ait préalablement été en contact avec une personne malade. Après piqures de moustiques tigres lors d’un séjour en Italie, sur le pourtour méditerranéen de la France ou de l’Espagne, l’apparition de fièvre doit amener le patient à consulter un médecin. En cas de suspicion, le médecin vérifie l’existence de foyers dans les zones incriminées et pourra si nécessaire, demander confirmation du diagnostic auprès du Centre National de Référence (Institut de médecine tropicale, Anvers https://nrchm.wiv-isp.be/fr/centres_ref_labo/west_nile_virus_arbovirussen/default.aspx).

 

La Belgique dispose en effet de la capacité diagnostique de ces maladies.

 

A l’heure actuelle, ni le moustique tigre ni ces maladies ne sont installés en Belgique.

 

5. Tant pour les piqûres de moustiques tigre comme pour les piqûres de moustique ordinaire il est possible d’utiliser les remèdes classiques pour calmer/soulager les démangeaisons. Dans certains cas (chez des personnes allergiques), les piqûres peuvent nécessiter un traitement à base de cortisone pour soulager les fortes démangeaisons.

 

6. A l’heure actuelle, il n’y a pas de moustique tigre installé en Belgique. Toutefois la progression de l’installation de cette espèce en Europe, démontrant aussi sa capacité à survivre sous de conditions climatiques moins favorables, laisse penser que ce moustique pourrait apprécier nos contrées et y devenir un jour un espèce endémique.

 

Actuellement, en cas de voyage en zone infestée, la prévention/réduction des piqûres de moustiques est la même quel que soit le type de moustique. Pour ce faire, l’application de mesures de prévention individuelles est indispensable et repose principalement sur:

- le port de vêtements limitant au maximum l’exposition de surface cutanée comme par exemple: chemises à manches longues et pantalons;

- porter de préférence des vêtements blancs, clairs;

- l’application de répulsifs;

- l’utilisation d’une moustiquaire (imprégnée) pendant la nuit/pour dormir;

- la diminution d’activités à l’extérieur entre le coucher du soleil et l'aube, moment d’activité le plus importante des moustiques en général, mais aussi en matinée et fin d’après-midi;

Eliminer toute source d’eau stagnante dans l’entourage. 

 

Références:

-       European Center for Disease prevention and Control (ECDC). Aedes albopictus - Factsheet for experts. Available on line: https://ecdc.europa.eu/en/disease-vectors/facts/mosquito-factsheets/aedes-albopictus

-       Paupy C, Delatte H, Bagny L, Corbel V, Fontenille D. Aedes albopictus, an arbovirus vector: from the darkness to the light. Microbes Infect. 2009 Dec;11(14-15):1177-85.

-       Scholte EJ, Schaffner F. Waiting for the tiger: establishment and spread of the Aedes albopictus mosquito in Europe. In: Takken W, Knols BGJ, editors. Emerging pests and vector-borne diseases in Europe. 1. Wageningen, The Netherlands: Wageningen Academic Publishers, ; 2007. p. 241-60.

-       Benedict MQ, Levine RS, Hawley WA, Lounibos LP. Spread of the tiger: global risk of invasion by the mosquito Aedes albopictus. Vector Borne Zoonotic Dis. 2007 Spring;7(1):76-85.

-       Curcó N, Giménez N, Serra M, Ripoll A, García M, Vives P. Asian tiger mosquito bites: perception of the affected population after Aedes albopictus became established in Spain. Actas Dermosifiliogr. 2008 Nov;99(9):708-13.