QE - M. Marghem - Le Fast-fashion
Publié le 01/01/1970 à 01:00
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Madame la Ministre,
Dans le monde économique, le
Fast-fashion désigne le renouvellement, le plus rapide possible, des
collections d’articles de la mode vestimentaire. Ce qui implique pour les
chaînes de vêtements une réactivité maximale, une souplesse du processus de
production et des flux logistiques tendus à l’extrême.
Alors qu’avant, les chaînes de
vêtements ne proposaient que 2 collections par an. Aujourd’hui, ils
renouvellent leurs rayons tous les 15 jours. Et la recette semble fonctionner
puisque le consommateur occidental moyen achète désormais 60% de vêtements en
plus qu’il y a 15 ans (chiffre tiré d’une enquête de Greenpeace parue en 2017).
Parallèlement, depuis une
quinzaine d’années, le gaspillage vestimentaire prend une ampleur alarmante.
D’après le service d’information
sur la recherche et le développement de l’Union Européenne (Cordis), cette mode
de l’éphémère à bas coût qui veut inciter au maximum les acheteurs à renouveler
leur garde-robe, engendre, près de 6 millions de tonnes de déchets textiles
jetés chaque année. Parmi ces 6 millions, seuls 1,5 million de tonnes de
déchets textiles est recyclé.
En Belgique, d’après Oxfam, seuls
5 kilos de déchets textiles sur les 12 produits par an et par habitant sont
collectés par des entreprises belges labélisées « Solid’R » à
destination d’un public paupérisé.
Selon une enquête menée en 2015
par le Syndicat Neutre pour indépendants (SNI) auprès de 497 enseignes de
vêtements, seuls 5 % d’entre elles offriraient leurs invendus à des organismes
de bienfaisance.
Idéalement, il faudrait aussi
limiter la surproduction des vêtements et encadrer les procédés de fabrication de
telle manière à permettre par la suite un recyclage optimal pour les invendus.
A ce sujet, je souhaite faire le
point avec vous.
Madame la Ministre,
Aviez-vous connaissance de ces
chiffres ? Quelle est votre analyse ?
Quelles sont les conséquences de
ce gaspillage vestimentaire sur l’environnement ? Disposez-vous
d’estimations ?
Dans quelles mesures est-il
possible de modifier, encadrer, les comportements des fabricants de
textiles ? Et ceux des consommateurs ? Sur quelles pistes de
solutions travaillez-vous ?
Pour la Belgique, disposez des
chiffres relatifs aux kilos, tonnes de textiles recyclés chaque année ?
Dans quelles mesures serait-il possible d’optimaliser le recyclage des textiles
invendus ?
Réponse de Marie-Christine
Marghem à la question n° 627 de Caroline Cassart-Mailleux:
1.
Je ne
connais pas les chiffres exacts pour la Belgique. Je suis bien consciente que
de nombreux problèmes sont survenus dans les chaînes de vêtements à l’échelle
mondiale. À divers endroits des chaînes, surviennent des problèmes qui ont un
impact tant environnemental que social et économique.
2.
L’impact
sur l’environnement est en effet considérable. Cet impact est surtout ressenti
dans les pays de fabrication (pensons par exemple à la coloration et au
nettoyage des vêtements) et d’extraction des matières premières (par exemple,
la culture du coton et la consommation d’eau, les pesticides, etc.). Par
ailleurs, nous relevons un impact social (mauvaises conditions de travail et
problèmes de sécurité notamment) et un impact économique (citons le dumping du
secteur des vêtements de seconde main sur le marché dans les pays en
développement qui exerce une pression sur le marché intérieur, voire le
détruit). Les problèmes sont donc nombreux à la fois ici, mais surtout aussi
dans les pays où la production est assurée et où sont exportés des vêtements de
seconde main. Je ne dispose pas de chiffres permettant d’estimer l’ampleur globale
de cette problématique. Cependant, il ne fait aucun doute que cet impact est
considérable d’autant que, comme déjà indiqué dans la question, la vague de
renouvellement (nouvelles collections) a fortement augmenté et que les
vêtements représentent de plus en plus un produit d’utilisation éphémère et
souvent aussi très bon marché pour le consommateur.
3.
Je partage
votre avis sur le fait qu’il faut prendre des mesures pour rendre les chaînes
de vêtements (la même remarque s’applique évidemment aussi à d’autres chaînes
de production) plus durables. La chaîne de vêtements étant internationale, elle
requiert des initiatives tant au niveau régional, que fédéral, européen et même
mondial.
L’installation de containers destinés à la collecte de vêtements
de seconde main, par exemple, relève principalement d’une compétence locale
(des villes et communes). Elles peuvent en toute autonomie décider des endroits
où placer des containers de collecte et qui est habilité à le faire. Elles
peuvent donc choisir de n’installer que des containers d’organisations
labellisées Solid’R. Ici encore, il est du ressort du régional de déterminer ce
qui peut être considéré comme déchet et ce que l’on sait/peut mettre en œuvre
dans ce cadre. Le recyclage de vieux vêtements relève aussi essentiellement
d’une matière régionale. Le recyclage des produits textiles s’avère en outre
complexe étant donné qu’un même vêtement est souvent composé de différentes
matières/différents éléments souvent difficiles à isoler par la suite, et
empêchant ainsi un recyclage efficace. Par ailleurs, il n’est pas aisé de
trouver des utilisations adéquates pour les produits recyclés.
Tout ce qui concerne les normes de produits et la sélection des
produits autorisés sur notre marché ainsi que les conditions y afférentes
relèvent à nouveau d’une compétence fédérale, à son tour souvent pilotée depuis
l’Europe.
Les actions destinées à rendre les chaînes de vêtements plus
durables exigent dès lors une bonne collaboration entre les différents domaines
politiques.
Il s’agira bien entendu aussi d’assurer une collaboration avec les
entreprises actives dans les chaînes de vêtements, les fédérations
sectorielles, les syndicats et les ONG, etc.
Les différents plans d’action, dont le Plan d’action national
Entreprises et Droits de l’Homme, proposent déjà des actions qui peuvent
apporter une réponse partielle à la problématique des chaînes. Ainsi, il existe
des actions relatives à la due diligence dans la chaîne, au label visant
à promouvoir une production socialement responsable, la stimulation d’une
approche sectorielle concernant la gestion responsable des chaînes de
production, etc.
La feuille de route économie circulaire que j’ai rédigée avec mon
collègue, le ministre Peeters, comporte aussi des actions susceptibles
d’avoir un impact, telles que celles relatives aux critères de recyclabilité ou
à l’intégration d’une approche d’économie circulaire dans le cadre des marchés
publics, etc.
Le guide en ligne sur les achats durables attire également
l’attention sur la durabilité de l’achat de vêtements et de produits textiles
par les autorités. Ce guide aborde également la question de savoir comment intégrer cet aspect dans le cadre d’un marché public,
en ce compris l’implémentation d’approches end-of-life.
Citons en outre les différentes initiatives que prennent la
société civile et les entreprises. Le label Solid’R qui concerne un aspect
certes petit mais important en est un exemple. Je note encore la belle campagne
Kleren, les efforts de diverses entreprises, etc.
En concertation avec le secteur et les diverses
parties prenantes, j’aimerais prendre une initiative et rassembler les
différents acteurs. Nous devons définir la problématique dans son intégralité,
vérifier les initiatives et bonnes pratiques existantes et étudier les
instruments et la politique que nous pouvons mener afin de rendre les chaînes
de production plus durables. L’initiative relative aux chaînes de production
durables, comme précisé dans ma note de politique 2018, peut y apporter une
réponse. Il est prévu de concrétiser cette initiative au cours du second
semestre de cette année.
4.
Je ne
dispose pas de chiffres exacts au niveau national belge concernant la quantité
de produits textiles collectés et recyclés annuellement en Belgique (ou
proposés à la revente dans des magasins de seconde main ou exportés, considérés
ou non comme des « déchets »). Ces chiffres devraient exister au
niveau régional (du moins pour la région concernée) étant donné que la matière
concernée relève principalement d’une compétence régionale.
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