Madame la Ministre,

Un article paru dans la presse dernièrement, dénonce qu’un jeune sur 4, dans le Benelux, âgés de 16 à 24 ans souffre de myopie. Le nombre de cas a doublé en moins de 40 ans.

En Général, la myopie se développe à la puberté et progresse jusqu’à l’âge adulte mais les ophtalmologues constatent que celle-ci se déclare de plus en plus tôt. En effet, il est de moins en moins rare de détecter cette maladie chez des enfants âgés de 5 à 8 ans.

A cet âge, ce sont souvent les professeurs d’école qui détectent les premiers symptômes et en avertissent les parents. Ces derniers doivent alors patienter entre 6 à 9 mois avant d’obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologue, surtout dans le sud du pays où l’on manque cruellement de spécialistes.

La myopie n’est pas un problème de santé qu’il faut traiter à la légère. Si elle est forte, les risques de développer une cataracte, un glaucome, un décollement de la rétine ou une dégénérescence maculaire sont augmentés.

A ce sujet je souhaite faire le point avec vous.

Madame la Ministre,

-      Combien de cas de myopie dénombre-t-on en Belgique chez les jeunes âgés de 16 à 24 ans et chez les moins de 16 ans pour les années 2015 et 2016 ?

-      Combien de dépistages et contrôles par des ophtalmologues ont été réalisés en pour les années 2015 et 2016 ?

-      Quelles pistes de solution envisagez-vous pour enrayer la pénurie d’ophtalmologues ?

-      Combien d’opérations chirurgicales pour corriger la myopie ont été réalisées en Belgique pour les années 2015 et 2016 ?

 

 

 

Réponse de Maggie De Block à la question n° 1582 de Caroline Cassart-Mailleux:

 

Première question.

 

Les chiffres exacts sur la prévention de la myopie dans ces catégories d’âge en Belgique ne sont pas disponibles vu qu’il n’existe pas d’enregistrement systématique. Il ressort des études sur la prévalence de la myopie qu’environ 30 à 40 % de la population est myope en Europe. (Prevalence of refractive error in Europe: the European Eye Epidemiology (E3) Consortium, Williams ea., Eur J Epidemiol (2015) 30:305–315). En 2013, le Centre fédéral d’expertise des soins de santé a réalisé une étude sur les troubles de la réfraction oculaire. Dans le cadre de cette étude, une enquête menée auprès de la population a fait apparaître que 7 répondants sur 10 ont rapporté un trouble oculaire, dont 38,4 % myopie. Une étude de 2016 sur la prévention globale de la myopie chez les enfants (Rudnicka AR, et al. Br J Ophthalmol 2016), fait état d’une prévalence de 3 à 5 % chez les enfants de 10 ans et jusqu’à 20 % chez les enfants de 12-13 ans en Europe.

 

En ce qui concerne la deuxième question.


Les ophtalmologues utilisent les codes 102012 et 102535 pour leurs consultations mais la part de ces consultations motivées par la myopie n’est pas connu par l’INAMI. Il n’y a pas de prestation diagnostique spécifiquement liée à la myopie.

 

Ci-dessous, est indiqué le nombre de consultations enregistrées pour l’année 2016 (codes 102012 et 102535) pour les ophtalmologues (qualification : 037, 370, 378, 397, 371, 374). L’âge des patients a été calculé sur l’année de la date de réalisation de la prestation (- l’année de naissance) et ventilé en 3 catégories (< 16, 16-24, > 24). Ces données pour 2017 ne sont pas encore disponibles.

 

nomen_code

catégorie

nombre

102012

< 16

27.915

102012

16-24

13.770

102012

> 24

203.784

102535

< 16

367.072

102535

16-24

149.921

102535

> 24

2.826.808

 

102012: Consultation réalisée en cabinet par un autre médecin spécialiste que celui mentionné sous les numéros 101275, 102034, 102071, 102093, 102115, 102130,102152, 102174, 102196, 102211, 102255, 102270, 102314, 102351, 102734,102896 et 103456.

102535: Consultation réalisée en cabinet par un autre médecin spécialiste accrédité que celui mentionné sous les numéros 101290, 102292, 102336, 102373, 102550, 102572, 102594, 102616, 102631, 102653, 102675, 102690, 102712, 102756, 102874, 102911 et 103471.

 

Les prestations 246610-246621, 246595-246606 et 246912-246923 sont des prestations pour le remplacement du cristallin mais depuis 2017 elles sont expressément exclues pour la « chirurgie réfractive ». (dont la correction de la myopie).

 

Avant 2017, il y avait probablement quelques cas mais l’immense majorité des remplacements de cristallin sont motivés par la cataracte.  Les traitements par Lasik se font en ambulatoire et ne sont pas remboursés.

 

Troisième question.

 

Il existe 2 types d’interventions chirurgicales pour corriger la myopie, d’une part l’implantation de lentille et d’autre part la procédure lasik (laser-assisted in situ keratomileusis). Cette dernière procédure est généralement réalisée hors institutions hospitalières et sans nomenclature; ni le SPF, ni l’INAMI ne disposent donc de données.

 

Les prestations 246610-246621, 246595-246606 et 246912-246923 sont des prestations pour le remplacement du cristallin mais depuis 2017 elles sont expressément exclues pour la « chirurgie réfractive ». (dont la correction de la myopie).

 

Avant 2017, il y avait probablement quelques cas mais l’immense majorité des remplacements de cristallin sont motivés par la cataracte.  Les traitements par Lasik se font en ambulatoire et ne sont pas remboursés.

 

Quatrième question.

 

Le Conseil supérieur des médecins spécialistes et des médecins généralistes procède actuellement à l’actualisation des normes de reconnaissance pour les ophtalmologues et les maîtres et services de stage concernés.

 

L’objectif est d’actualiser les normes conformément à la situation actuelle dans les autres pays européens. Cela implique notamment une prolongation de la formation et une meilleure description des compétences finales, y compris des compétences finales en chirurgie. Ces dernières sont importantes notamment pour assurer à terme la permanence et la continuité des urgences chirurgicales. De plus, on examine actuellement la possibilité de reconnaître les pratiques hors hôpitaux en tant que services de stage pour une partie de la formation. Cela permettrait d’améliorer la capacité de stages. Par ailleurs, on travaille également à la modification de l’AR du 7 juillet 2017 relatif au titre professionnel et aux conditions de qualification requises pour l’exercice de la profession d’orthoptiste et portant fixation de la liste des prestations techniques et de la liste des actes dont l’orthoptiste peut être chargé par un médecin, en vue d’élargir le domaine de compétences d’un certain nombre d’actes optométriques autonomes. Il s’agit par exemple d’actes qui seraient autorisés en première ligne et moyennant des conditions strictes, dans le cadre des compétences acquises et d’une collaboration appropriée avec les médecins ophtalmologues. Ceci pourrait contribuer à raccourcir les listes d’attente chez les ophtalmologues.