09.01 Caroline Cassart-Mailleux (MR): Monsieur le ministre, je vous avais déjà interrogé,
il y a quelques mois, sur la capacité des parquets à traiter les infractions de
roulage et sur le fait que le nombre croissant d’infractions constatées par les
services de police poussait désormais les tribunaux à imposer des quotas de PV
à ne pas dépasser, de sorte qu’ils puissent tous être traités.
Se posait alors la question de savoir ce que deviendraient les PV
"hors quota". En effet, ce nouveau système induit que ceux qui
acceptent la transaction financière peuvent être pénalisés par rapport à ceux
qui ne l’acceptent pas, et dont l’infraction ne pourra être traitée par le
parquet par manque de moyens. Eux peuvent alors passer entre les mailles du
filet. Il semblerait qu’une solution puisse être trouvée afin que, comme la
Constitution le précise, les Belges soient tous égaux devant la loi. Ainsi, les
petits excès de vitesse pourraient être dépénalisés. Ils ne passeraient plus
par les parquets, désengorgeant ceux-ci d’infractions moins graves. Par contre,
les petits excès seraient punis d’une amende administrative, comme c’est le cas
des infractions de parking.
Cela pose néanmoins la question des recettes pour l’État. Tandis
que les recettes des procèsverbaux pour excès de vitesse sont aujourd’hui perçues
par l’État fédéral, si des amendes administratives étaient appliquées aux
petits excès, cela signifierait que les Régions en récolteraient les montants.
Monsieur le ministre, l’idée de dépénaliser les petits excès de vitesse
est-elle une proposition
sérieuse que vous envisagez, en concertation avec le ministre de
la Justice, pour optimiser le désengorgement des parquets tout en assurant une
punition pour toutes les infractions? Comment
pouvez-vous mettre ce système en place en concertation avec les
Régions? Pouvez-vous évaluer l’impact d’une telle mesure sur les recettes de l’État
ou du moins, faire le point sur le dossier, car je souhaiterais voir plus clair
en la matière?
09.02 Jan Jambon, ministre: Madame Cassart- Mailleux, tout d'abord,
permettez-moi de rectifier
l'une ou l'autre information reprise dans votre exposé. Les
recettes des PV pour excès de vitesse ne sont pas toutes perçues par l'État fédéral.
En effet, dans le cadre de la sixième réforme de l'État et la
régionalisation de certaines catégories d'infractions en matière de circulation
routière, une grande partie des recettes, notamment en matière de vitesse hors
autoroute, revient aux trois Régions du pays ce, depuis le 1er janvier 2015.
Outre les compétences existantes, les Régions sont devenues
compétentes pour fixer des sanctions administratives et pénales en cas de non-respect
des règles de police de la circulation routière, qui ont été régionalisées. En
effet, conformément à l'article 11 de la loi spéciale du 8 août 1980 des
réformes institutionnelles, les Régions peuvent incriminer et sanctionner, à
titre accessoire, le non-respect des dispositions qu'elles édictent dans le
cadre des compétences matérielles relatives aux règles du
Code de la route qui leur ont été transférées dans le cadre de la
sixième réforme de l'État. Par conséquent, les Régions sont libres de dépénaliser
lesdits excès de vitesse hors autoroute. Elles peuvent exercer cette
prérogative en toute autonomie, mais en concertation avec les parquets et mon
collègue, le ministre de la Justice.
Sur le plan fédéral, plusieurs pistes sont actuellement envisagées
pour désengorger les parquets. Je vous cite, à titre d'exemple, le projet de
loi relatif à l'ordre de paiement, dont l'objectif premier est d'alléger la
charge de travail de ces derniers. Ce projet émane des départements de la Justice
et de la Mobilité.
En ce qui concerne les petits excès de vitesse sur autoroute, une
éventuelle dépénalisation n'est pas
à l'ordre du jour. Enfin, une éventuelle dépénalisation des petits
excès hors autoroute n'aura aucun impact financier négatif sur l'État fédéral.
Elle engendrerait même plutôt des effets positifs dans
la mesure où le traitement administratif actuellement effectué par
des instances relevant de l'autorité fédérale – le parquet et la police – sera
accompli par les Régions.
09.03 Caroline Cassart-Mailleux (MR): Monsieur le ministre, je vous remercie pour le
caractère
complet de votre réponse. J'ai bien saisi la manière dont alliez
gérer ce problème. Cette sixième réforme de l'État nous apporte évidemment de
nouvelles informations.
Je me réjouis de la direction que vous prenez. Une bonne nouvelle:
elle n'aura pas d'impact sur
les recettes de l'État. De plus, nous ne dépénaliserons pas les
petits excès de vitesse sur autoroute. Je vous remercie par conséquent pour les
éclaircissements que vous m'avez apportés.
J'ai encore appris des choses cet après-midi.
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