Caroline Cassart-Mailleux (MR): Monsieur le président, monsieur le ministre, en janvier 2014, le secteur du porc a subi une crise importante, découlant notamment de l'embargo russe. Quelles sont les conséquences de cette crise? Évidemment, l'effondrement du cours du porc. Dans notre pays, le secteur est fortement touché. En effet, 70 % de notre production porcine est exportée. Il est vrai, monsieur le ministre, que vous avez pris ce problème à bras-le-corps, dès votre entrée en fonction. Différentes mesures ont déjà été prises. Vous avez fait preuve de proactivité au niveau européen afin que cet embargo soit levé. Vous avez supprimé les cotisations pour le Fonds sanitaire porcin. Cela ne représente pas moins de 3,6 millions d'euros pour 2014 et 4 millions d'euros pour 2015. En août 2015, vous accompagniez l'accord de principe intervenu au niveau de la "concertation chaîne" dont la concrétisation a été difficile. Monsieur le ministre, pouvez-vous me rappeler les modalités de cet accord de principe? Quelle est votre analyse de ce blocage? Comptez-vous prendre des initiatives pour endosser le rôle de facilitateur dans le cadre de cette crise?

Willy Borsus, ministre: Monsieur le président, chères collègues, la situation du secteur porcin est effectivement très difficile, avec une diminution des prix d'au moins 30 % et qui continue. Ainsi, par exemple, le prix au kilo sur pied est aujourd'hui de 88 euros, prix jamais atteint dans le passé. Vous avez raison, il s'agit d'un secteur important. Nous avons notamment produit 1,1 milliard de tonnes de viande porcine durant l'année écoulée. Nous devons donc prendre des mesures si nous voulons vraiment sauver ce secteur. Vous avez évoqué le niveau européen où nous avons plaidé avec force pour l'ouverture de l'embargo sanitaire avec la Russie. La Belgique a joué un rôle de leader en la matière et nous attendons la concrétisation de cette demande, tout comme celle d'autres demandes qui ont trait au soutien au marché et aux mesures de stockage au niveau européen. Cela dit, au niveau fédéral, l'actualité, c'est l'échec de la "concertation chaîne" dans le secteur du porc. Je rappelle que 30 millions d'euros avaient été annoncés comme soutien au secteur à la suite de la concertation avec la distribution, le commerce et la transformation. Hélas, après quatre mois de négociations, mardi, les contacts ont échoué. Quelle est la situation? D'une part, plusieurs accords avec certaines chaînes commerciales sont aujourd'hui organisés; d'autre part, les organisations des producteurs sont très insatisfaites et il y a des risques d'actions à court terme dans les commerces. J'ai donc pris l'initiative, depuis mercredi, de contacter l'ensemble de ces acteurs, de tenter de faire des propositions pour renouer le dialogue. Nous avons à cet égard une réunion plénière prévue lundi prochain à 16 h 30 avec l'ensemble des acteurs de la chaîne, avec le soutien de Kris Peeters, de l'Autorité de la Concurrence et d'autres intervenants. Par ailleurs, j'ai aussi pu obtenir des organisations agricoles que, temporairement, il n'y ait pas d'actions menées, ce jusque lundi, pour donner une chance à la médiation. Comme vous l'avez également souligné, cette semaine, nous venons de confirmer des exonérations des cotisations au Fonds sanitaire qui représentent, en 2015, 4 millions d'euros pour le secteur. Soyons très clairs, nous devons être mobilisés. Je tiens à être personnellement vraiment très impliqué dans les actions pour soutenir ce secteur et le secteur agricole en général, sans quoi nous devrons constater une crise destructrice et dévastatrice pour un secteur où nous sommes à la pointe depuis des années.

Caroline Cassart-Mailleux (MR): Monsieur le ministre, je vous remercie pour cette réponse ferme, engagée et qui prouve que vous êtes vraiment là pour soutenir ce secteur qui, vous l'avez dit, subit une crise importante à la fois dans les secteurs porcin, laitier et bovin. Je vous remercie d'avoir pris les contacts avec les différents acteurs de la chaîne. Je crois que vous essayerez de jouer ce rôle de facilitateur. Notre groupe continuera à vous soutenir dans le travail que vous effectuerez en faveur de ce secteur qui en a grandement besoin.