Monsieur le
Ministre,
La fièvre
catarrhale s’est déclarée chez nos voisins français au mois de septembre
dernier. Suite à cela, la Belgique a décidé de lancer un appel d’offre afin
d’avoir un stock de vaccin de 5.500.000 doses pour l’année 2016. Cet appel
d’offre est toujours en cours et concerne les races ovines et bovines.
La commande doit
normalement être passée au mois de janvier et le délai de livraison est de 3
mois. Ce délai constitue la procédure à respecter mais le secteur est inquiet et
redoute que le vaccin n’arrive pas avant la mise en pâture. De plus, une autre
interrogation subsiste à savoir celle de l’obligation de vacciner ou non.
Aux dernières
nouvelles, le dernier cas en France a été recensé à un département et demi de
la Belgique, ce qui laisse la possibilité d’avoir quelques bêtes touchées chez
nous.
Monsieur le
Ministre,
§ Pouvez-vous me dire quand sera clôturé l’appel d’offre et quand la
commande sera-t-elle passée?
§ Quid de l’obligation ou non de vacciner? Quand cela sera-t-il décidé?
§ Pouvez-vous me dire comment la maladie évolue-t-elle en France?
REPONSE:
Mon Administration, mon Cabinet, et
moi-même suivons la réémergence de la fièvre catarrhale ovine de très près. Je
précise en outre qu’il s’agit d’une maladie qui n’est en aucun cas
transmissible à l’homme.
Lors de l’été 2006, la Fièvre catarrhale
ovine, également appelée « Bluetongue » ou « maladie de la
langue bleue », sous sa forme « sérotype 8 » (BTV8), était
apparue de façon complétement inattendue en Europe et, plus particulièrement,
dans le triangle Allemagne-Belgique-Pays-Bas. Lors de l’épidémie de 2006, près
de 700 troupeaux de bovins et ovins furent contaminés en Belgique.
L’Allemagne et les Pays-Bas furent
également durement touchés ainsi que le Nord de la France et le GD du
Luxembourg.
Contre toute attente, le virus survécut au
rude hiver de 2007 pour (ré)infecter plus de 7.000 exploitations en 2007 en
Belgique et se disperser au-delà de nos frontières en Allemagne, en France, aux
Pays-Bas et au GD du Luxembourg pour ensuite atteindre la Grande-Bretagne, la
Suisse, le Danemark, la Tchéquie, la Hongrie, l’Autriche, la Suède et
finalement atteindre la Norvège en 2009.
Rien qu’en France, ce furent plus de
82.000 foyers qui furent détectés chez les bovins. Le BTV8 disparut en 2010
grâce notamment à la vaccination massive et la plupart des pays touchés furent
à nouveau déclarés indemnes en 2012 suite à des contrôles étendus du cheptel.
En août 2015, le
virus a refait à nouveau surface en France. Le virus s’est rapidement propagé
du centre de la France dans toutes les directions.
La France a
décidé immédiatement de procéder à une vaccination stratégique en fonction du
nombre de doses disponibles de vaccin, mais ce nombre est trop petit pour
mettre un terme à la maladie.
Cette maladie se
propage par un petit moucheron et est donc saisonnière. Au 30 novembre, la
frontière nord de la zone de restriction, elle-même établie pour former un
périmètre de 150 kms autour des foyers, se trouvait à environ 150 km de la
frontière Belge (le foyer français le plus proche se situe donc à environ 300km
de Belgique). Depuis, en raison de l’hiver et de l’activité du vecteur qui s’en
trouve réduite une fois que la température tombe sous les 15°C, la maladie
s’est encore légèrement étendue en France, vers le sud et l’est, mais n’a pas
atteint la Belgique. Le laboratoire national de référence CERVA et les experts
de la maladie établissent toutefois que la maladie se propagera à nouveau en
2016 à partir du printemps et contaminera très probablement notre pays.
Actuellement, il
n’y a donc encore aucun cas chez nous, toutes les suspicions déclarées s’étant
révélées négatives.
Une surveillance
accrue vis-à-vis de la présence de cette maladie a lieu cet hiver lors du
monitoring effectué chaque année dans les exploitations bovines.
Lors des
réunions de concertation entre les Autorités sanitaires, les Secteurs agricole
et vétérinaire, le CERVA et les laboratoires de première ligne (ARSIA-DGZ), il
a été conclu que la meilleure protection est la vaccination et que le secteur
doit en tous les cas disposer d’un vaccin. Ce n’est pas encore le cas
actuellement parce que les firmes de vaccins adaptent leur production à la
demande et depuis 2010, il n’y avait presque plus eu de demandes.
Vu ce manque de
disponibilité, toujours dans le cadre de cette concertation, il a été décidé de
commander suffisamment de vaccins, nécessaires pour la vaccination préventive
des bovins et des caprins.
Un cahier des
charges a été rédigé à cette fin pour le lancement d’un appel d’offres a été
présenté à l’Inspecteur des Finances qui a rendu son avis le 23 novembre.
Suite à cet
avis, l’appel d’offre a été adapté et lancé le mardi 1er décembre
2015. Deux firmes ont répondu. L’analyse
des offres est en cours et l’avis à l’inspection des finances est demandé (au
26/01/2016). Une fois l’avis favorable
reçu et le délai de recours passé, la commande pourra être passée.
Sans passer par
cette procédure, la disponibilité de vaccins en Belgique serait beaucoup trop
aléatoire.
Selon les
premières informations reçues, il faut entre 3 et 6 mois après attribution du
marché et commande, pour que du vaccin puisse être mis à notre disposition.
Toujours dans le
cadre de la concertation évoquée, le Boerenbond a demandé en parallèle de réaliser
une étude « coût – bénéfice » de la vaccination avant de décider d’une vaccination
obligatoire ou facultative. Toutes les parties étaient d’accord avec cette
proposition.
Cette étude sera
réalisée par l’AFSCA et le CERVA dans les 2 mois à venir.
Les résultats de
cette étude, de même que les résultats de l’appel d’offres (coût du vaccin,
nombre de doses disponibles et moment de la mise à disposition) et des
politiques qui seront menées dans les pays voisins, seront ensuite pris en
compte pour décider du caractère obligatoire ou non de la vaccination, toujours
en étroite concertation avec les secteurs concernés.
Caroline-Cassart.be @ Toute reproduction partielle ou totale est strictement interdite | Propulsé par PSI-WEB