La grossesse n’est pas une maladie. Et pourtant, au vu du nombre d’examens médicaux subis par les femmes durant cette période, la question peut se poser. Évidemment, je ne parle pas de cas particuliers qui méritent bien entendu de bénéficier d’un suivi plus poussé. Mais dans la majorité des cas, les femmes vivent des grossesses à faible risque.

 

Ainsi, selon une étude réalisée par les Mutualités libres, une femme passe plus de 10 examens gynécologiques, alors que le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) en recommandé 10 maximum lorsqu’il s’agit du premier enfant, et 7 pour les suivants. Les femmes enceintes passent en moyenne 5 échographies par grossesse, alors que, selon le KCE, 2 suffiraient.

 

Un accouchement coûte à l’assurance maladie environ 5000€ (ou presque 7000€ pour une césarienne), tous coûts de la grossesse inclus. Et les césariennes n’arrêtent pas d’augmenter : on en est à plus d’un accouchement sur 5 par césarienne, voire même sur 4 !

 

Madame là Ministre :

-          Avez-vous pris connaissance de cette étude ?

-          Qu’en avez-vous pensé ?

-          Si le nombre d’examens et d’échographies est trop élevé actuellement, en connaissez-vous la raison ?

-          Pourquoi le nombre de césariennes augmente-t-il ?

-          Quel est l’avis des obstétriciens ?

 

Je vous remercie.

 

Réponse de Maggie De Block à la question n° 983 de Madame Caroline Cassart-Mailleux:

 

J’ai connaissance des différentes études menées sur le suivi de la grossesse ainsi que sur le taux et l’évolution des césariennes en Belgique comme : 

-       l’étude de l’Agence Intermutualiste, Novembre 2005 : « Recours à la césarienne en Belgique »

-       l’étude du KCE, Report 248 Bs, Juin-Juillet 2015 : « Quels sont les examens médicaux  recommandés pendant la grossesse »

-       l’étude des Mutualités Libres : « Economie de la grossesse, de l’accouchement et de la maternité »

 

Les mesures suivantes sont en cours d’exécution :

-       Une mesure visant à limiter le remboursement de certains tests de biologie clinique (sérologie CMV et toxolasma gondii), qui sont actuellement réalisés de manière systématique et à maintes reprises au cours de la grossesse.

Cette mesure sera ainsi conforme à la plupart des recommandations nationales et internationales.

-       Des mesures visant à limiter le nombre d’examens techniques (échographies prénatales et cardiotocographies) si aucun facteur de risque et de pathologies associées à la grossesse n’existe.

Ces mesures seront ainsi conformes à la plupart des recommandations nationales et internationales.    

 

Dans le dernier accord national médico-mutualiste 2016-2017, une attention particulière a été accordée aux examens techniques durant la grossesse ainsi qu’à l’évolution du taux de césariennes tout en maintenant des soins efficaces : voir les points 1.2.4 et 4.2.4 de l’accord.

-       L’utilisation non justifiée de procédures diagnostiques et thérapeutiques doit, si possible, être réfrénée. Des efforts seront réalisés en vue d’atteindre des objectifs de santé concrets, telle que la réduction du nombre de césariennes.

-       Il sera également étudié comment les différences de pratiques en terme de nombre de césariennes par rapport à la totalité des accouchements, calculé par hôpital, pourront  être rendues conformes aux recommandations scientifiques existantes.

 

Le nombre croissant de césariennes dans les pays développés est dû à plusieurs facteurs, dont les attentes du patient et du médecin, l’attitude face aux risques, les changements quant à la pratique clinique (comme par ex. moins d’épreuves du travail lorsque l’anamnèse de la femme enceinte révèle une césarienne, moins d’accouchements par voie basse par le siège, les accouchements instrumentaux, plus d’inductions et de césariennes à la demande de la mère). En outre, la littérature cite également les problèmes légaux et les incitants financiers comme causes possibles. L’âge croissant de la mère lors de l’accouchement, l’augmentation du nombre de primipares par rapport aux multipares ainsi que le nombre plus élevé de naissances multiples et de cas d’obésité maternelle sont aussi des facteurs pouvant influencer le pourcentage de césariennes. (Absil, et al.)