Monsieur le Ministre,

J’ai appris par la presse votre volonté d’introduire un menu à chiffres lors des appels vers le numéro d’urgence 112. De la sorte, votre souhait est de limiter le nombre d’appels erronés qui encombrent le dispatching.

A ce sujet, et pour tester le système, un projet pilote doit être lancé dans une ou deux provinces, probablement à la frontière linguistique. La raison du choix de la frontière linguistique est simple: chaque appelant doit pouvoir recevoir une réponse dans sa langue, ce qui pose visiblement un problème. Actuellement, et sauf erreur de ma part, le début de la phase de test n’est pas encore connu.

De plus, le Société belge des médecins urgentistes ne voit pas cette proposition d’un bon œil.

Monsieur le Ministre,

§  Avez-vous consulté la Société belge des médecins urgentistes? Pouvez-vous m’expliquer la réticence de celle-ci à l’instauration d’un menu à chiffres?

 

§  Pouvez-vous me dire dans quelles provinces auront lieu les projets pilotes?

 

§  Quand ceux-ci devront-ils débuter? Pour quelle durée?

 

§  L’instauration d’un tel système est-elle bien nécessaire pour limiter le nombre d’appels erronés?

 

§  Ne craignez-vous pas un manque d’efficacité et de rapidité de la part des services d’urgences du à ce menu à chiffres?

 

§  Comment cela se passe dans les autres Etats membres de l’UE? Ce système de menu à chiffres est-il déjà en place? Si oui, est-il concluant?

 

 

 

Réponse de Jan Jambon à la question n° 798 de Caroline Cassart-Mailleux:

1.

a) L'association belge des médecins urgentistes n'a pas été consultée.

Fin octobre j’ai décidé, sur le conseil de mes services et après leur consultation avec le SPF Santé publique, de faire réaliser une étude relative à l'utilisation de la technologie IVR (Interactive Voice Response) afin de pouvoir évaluer ensuite si cette technologie peut représenter une solution pour les points d'attention et les problèmes actuels, et pour vérifier si cette technologie est suffisamment conviviale dans le cadre des appels urgents. Les résultats de cette étude sont positifs.

Entre-temps, mon administration examine également la possibilité d’introduire un pré-calltaking pour tous les appels urgents. Ce bref questionnement a un but multiple:

- permettre qu’il ne reste qu’un seul numéro urgent, soit le numéro 112. Dès lors, le citoyen ne doit plus appeler qu’un seul numéro pour obtenir l’aide souhaitée et non plus le 112 pour l’aide médicale et le 101 pour l’aide policière comme cela doit se faire à l’heure actuelle;

- la séparation des appels urgents et non urgents. En effet, ces appels non urgents ne sont pas du ressort d’un centre d’appels urgents;

- empêcher tous les appels inutiles ou abusifs d’arriver aux centres d’appels urgents.

De plus, le pré-calltaking pourrait également constituer une solution pour être aidé dans sa propre langue maternelle (française, néerlandaise ou allemande) ou pour entrer en contact avec le centre d’appel adéquat. Après le pré-calltaking, on pourrait par exemple transférer l’appel à un centre de secours 112/100 ou un centre d’appels urgents où des opérateurs parlent la langue souhaitée.

Mes services poursuivront l’examen de la piste du menu à chiffres dans le cadre du concept du pré-calltaking ainsi que la piste consistant à faire traiter le pré-calltaking par des calltakers ‘neutres’.

Ce menu à chiffres permettrait à l’appelant, grâce à une seule touche, d' indiquer le type d’aide dont il a besoin (police ou service d’incendie/aide médicale) et s’il désire être aidé dans une autre langue. Ensuite, il serait automatiquement pris en charge par un centre situé dans sa région linguistique. Les avantages et les inconvénients d’un pré-calltaking assuré par des opérateurs ou via d’un menu à chiffres devraient être listés et comparés.

Au cours des semaines à venir, les résultats de l'étude seront soumis aux différentes disciplines, dont l'Association des médecins urgentistes. Il sera décidé ensuite si un projet pilote sera lancé dans deux provinces.

b) Je déduis des interviews parues dans la presse que des préoccupations existent quant aux pertes de temps ou des appels perdus parce que des personnes paniquées ne souhaitent pas être confrontées à un menu à options.

Les doutes liés à la technologie sont dus en grande partie à la comparaison injuste qui est faite avec le menu à chiffres commercial, où il faut parfois attendre longtemps avant d'avoir quelqu'un en ligne.

Toutefois, permettez-moi de clarifier d'ores et déjà les choses. Si, à l'issue d'un projet pilote éventuel et nonobstant les conclusions positives tirées de cette étude, il s'avère que cette convivialité n'est pas optimale, l'utilisation de la technologie IVR sera abandonnée.

Il n'y a pas non plus lieu de craindre que des appels soient perdus parce qu'une fois que les personnes entendent le menu à chiffres, elles ne savent plus comment procéder. En effet, si l'appelant n'entreprend aucune action après avoir composé le numéro 112, l'appel sera tout de même transféré au centre d'appels urgents.

2-3.

Plusieurs responsables fonctionnels de Centres de secours 112/100 ont proposé de leur propre initiative d'accueillir le projet pilote dans leur province.

4-5.

Je renvoie l'honorable membre à ma réponse à la question 1. Je précise encore que plus de 37 % des 2.500.000 appels urgents annuels établis vers les numéros urgents 112 et 100 sont des appels établis par des personnes qui composent accidentellement ou malencontreusement le 1-1-2  (principalement des appels de poche – 25 %)

Actuellement, les appelants sont d'abord placés dans une file d'attente (avec un message d'attente) en raison d'appels abusifs et/ou d'appels qui n'aboutissent pas au centre adéquat, et qui nécessitent le traitement et donc le temps nécessaires. C’est la raison pour laquelle un pré-calltaking – avec ou sans menu à chiffres – représenterait certainement une plus-value.

6.

Travailler avec une première ligne de calltakers ‘neutres’ qui interrogent brièvement l’appelant pour le transférer ensuite vers la discipline compétente (police, pompiers ou aide médicale urgente), est une solution qui a déjà été introduite dans de nombreux autres pays notamment les Pays-Bas.

L'utilisation de la technologie IVR n'existe actuellement pas encore dans d'autres pays européens, mais a déjà été présentée par mes services à la EENA (European Emergency Number Association), qui y a réagi de façon prudente – positivement.