QO - De Block - Le suivi du dossier concernant la collaboration avec les régions sur l'absence de cadre formel pour la délivrance des moyens contraceptifs ou abortifs par les centres de plannings familiaux
Publié le 01/01/1970 à 01:00
Madame la Ministre,
Récemment, je vous ai interrogé concernant la
collaboration avec les régions sur l'absence de cadre formel pour la délivrance
des moyens contraceptifs ou abortifs par les centres de plannings familiaux. A
cet égard, vous m'avez indiqué que, bien que les moyens contraceptifs et les
pilules du lendemain doivent être plus accessibles pour les femmes, ceux-ci ne
peuvent être distribués que par des prestataires de soins ayant suivi une
formation pharmacologique adéquate et sur prescription uniquement.
De plus, vous m'avez déclaré étudier le rôle
de la sage-femme en la matière. A ce propos, vous aviez demandé différents avis
(le Conseil fédéral des sages-femmes, les Académies Royales de Belgique, le
Conseil supérieur des médecins spécialistes et généralistes). Je pense que vous
avez désormais reçu ces différents avis et eu le temps d'en prendre
connaissance.
Pour conclure, vous m'avez indiqué qu'une
réunion avec votre homologue wallon, Monsieur Prévot était prévue sur cette
problématique.
Madame la Ministre,
§ Quel est l'état d'avancement de ce dossier?
§ Avez-vous reçu les différents avis? Que ressort-il de ceux-ci?
§ Avez-vous eu des contacts avec les entités fédérées et notamment avec
Monsieur Prévot? Si oui, que découle-t-il de ceux-ci?
Réponse à la question parlementaire n° K 1253, q14570 de
Caroline Cassart
Concerne: Le suivi du dossier concernant la collaboration
avec les régions sur l’absence de cadre formel pour la délivrance des moyens
contraceptifs ou abortifs par les centres de planning familial
L’Honorable Membre
trouvera ci-après la réponse à sa
question.
Vous demandez si le
cadre légal existant pour la prescription de contraceptifs et de médicaments
d’interruption de grossesse devrait être changé.
Courant 2014, mon
prédécesseur avait demandé un avis au Conseil Fédéral des Sages-femmes sur
l’intégration de cette profession dans les centres de planning familial, entre
autres pour l’accompagnement et les conseils en matière de contraception. Le
Conseil a remis un avis en novembre 2014 qui stipule que la sage-femme, experte
de l'anatomie et de la physiologie de la femme, dispose du bagage théorique
nécessaire pour conseiller la femme dans le choix de sa contraception, car elle
connait les différents types de contraceptions et peut conseiller de manière
appropriée.
La sage-femme est
autorisée – si elle correspond aux critères de l’arrêté royal du 15 décembre
2013 relatif aux modalités et les critères de qualification particulière
permettant au titulaire du titre professionnel de sage-femme, à prescrire des
médicaments – à prescrire la pilule contraceptive aux femmes pendant la période post-partum.
Le Conseil Fédéral
des Sages-Femmes avaitproposé, afin de mettre en adéquation les soins de
première ligne, d’élargir les compétences de la sage-femme concernant les
prescriptions de médicaments pour ce qui concerne la recommandation et/ou la prescription des
différentes formes de contraceptifs à tout moment.
L’Arrêté royal du
1er SEPTEMBRE 2016, modifiant l’arrêté royal du 15 décembre 2013 fixant la
liste des prescriptions médicamenteuses pouvant être rédigées de manière
autonome par les sages-femmes dans le cadre du suivi de la grossesse normale,
de la pratique des accouchements eutociques et des soins aux nouveau-nés bien
portants dans ou en dehors d’un hôpital a été établi en concertation avec les
Académies Royales de médecine . Ces académies ont émis un avis négatif , raison
pour laquelle le choix a été fait de ne pas élargir la prescription de
contraceptifs au-delà de la période post-partum.
J’ai aussi demandé
l’avis du « Conseil Supérieur des
médecins-spécialistes et des généralistes ». Le Conseil a émis son avis le 28
avril 2016, en référant à l’avis de l’Académie Royale de Médecine de Belgique
et de la Koninklijke Academie voor geneeskunde van België.
Je vous transmets
deux extraits de cet avis :
- La prescription de contraceptifs à
tout moment (y compris en dehors du contexte limité de trois mois après
l'accouchement d'une femme en bonne santé) relève clairement des compétences
des médecins.
Sans formation
médicale, on ne peut pas estimer les interactions entre une pathologie chez la
femme (qu'il faut déjà identifier) et le contraceptif.
Le contraceptif
peut avoir un effet sur la maladie, comme p.ex. sur le lupus ou la sclérose en
plaques, et il y a naturellement les effets secondaires plus classiques des
administrations de contraceptifs à plus long terme.
Les médicaments
prescrits pour une certaine pathologie chez la femme peuvent entraîner des
interactions sur l'efficacité de la contraception.
La reconnaissance
et la connaissance d'un grand nombre de pathologies diverses et d'interactions
médicamenteuses ne font pas partie du profil de compétences de la sage-femme.
- La prescription et l'utilisation de
médicaments d'interruption de grossesse doivent respecter des critères très
stricts. L'échographie pour déterminer le stade de la grossesse, le contrôle de
la localisation intra-utérine et de l'évacuation après la procédure, le suivi
(et la prévention pour les femmes à Rhésus négatif p. ex. ...) supposent une
concentration de savoir-faire et de technologie qui requièrent un contexte
interdisciplinaire (probablement un milieu hospitalier ou d'une collaboration
avec un hôpital) et excluent une compétence autonome de la sage-femme.
Par ailleurs,
l'article 350 du Code pénal – qui contient les clauses et conditions auxquelles
l'avortement n'est pas un délit – stipule clairement que l'interruption de
grossesse doit être pratiquée par un médecin.
Ces considérations
sont à prendre aux sérieux et il faudra trouver des solutions pratiques qui
garantissent l’accès aux médicaments et
aux soins de qualité.
Si l’intervention
d’un médecin est indiquée, il faudra garantir leur intervention et présence.
Un intérêt et une
motivation pour cet aspect de la santé publique et pour le travail au sein des centres de
planning familiaux, peuvent s’acquérir
pendant la formation. Et cela se fait déjà: le médecin généraliste
est formé dans un contexte
interdisciplinaire et dans différents contextes de soins.
Pour les médecins
généralistes déjà agrées, un frein à la
participation dans des centres de planning familial a récemment été levé.
En effet, l’ancien
A.M. du 1 mars 2010 fixant les critères d'agrément impliquait un risque de perte d’agrément
pour les généralistes qui s’orientaient vers ces activités. Le Conseil
Supérieur des médecins spécialistes et des généralistes avait souligné dans un
avis à ma demande, que ces activités étaient utiles à la société et pour la
santé publique et ne pouvaient pas mener à une perte d’agrément d’un
généraliste.
Un A.M. du 12
novembre 2015 (M.B., 24 décembre 2015) a modifié cet arrêté ministériel afin de
rassurer (entre autres) ces médecins sur le fait que leurs activités ne
mettraient plus en danger leur agrément comme médecin généraliste.
[1] Arrêté
ministériel du 1 mars 2010 fixant les critères d'agrément des médecins généralistes,
MB 4 mars 2010.
Les centres de planning familial dépendent de l’autorité des états
défédérés, mais je suis à leur disposition pour discuter des aspects évoqués
ici à l’occasion de cette question.
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