Monsieur le Ministre,

Le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publié en octobre 2016 a fait l’effet d’une bombe en affirmant que la consommation de charcuterie et de viande rouge favorise le cancer. Cette nouvelle alarmiste n’avait pas lieu d’être et il convient de relativiser fortement les choses puisqu’il y a environ 34.000 décès par an dans le monde qui seraient imputables à une alimentation riche en charcuteries. Bref, en ces temps difficiles, il ne me semble pas opportun de semer la peur dans la population et il faut être prudent en matière de communication.

De plus, il me semble essentiel de souligner qu’à côté du procès très régulièrement fait à la viande, il existe d’autres éléments positifs de la consommation de viande pour la santé et l’environnement puisque celle-ci contient des éléments nutritifs indispensables à l’organisme des protéines, des acides aminés, du zinc, de la vitamine B12, du fer, etc.

Suite à ce rapport et à l’indignation qu’il a provoqué, l’OMS a nuancé sa position et a précisé, dans un second communiqué, que l’état actuel de la recherche ne permettait pas de déterminer une quantité saine de consommation de viande. De plus, elle a annoncé que des experts commenceront à se pencher de façon approfondie sur les implications en matière de santé publique, des dernières avancées de la science et sur la place de la viande rouge et de la viande transformée dans un régime alimentaire sain et équilibré. Monsieur le Ministre, je compte sur vous pour défendre le secteur agricole.

Monsieur le Ministre,

§  Avez-vous de plus amples informations concernant l’annonce faite par l’OMS concernant cette étude et le travail des experts?

 

§  Pour quand pouvons-nous espérer connaitre les résultats de cette dernière?

 

Réponse de Willy Borsus à la question n° 725 de Madame Caroline Cassart-Mailleux:

 

Le problème du lien entre alimentation et cancers est particulièrement complexe.  Le rapport sur le lien entre consommation de viande rouge et effets cancérogènes du Centre international de Recherche sur le Cancer (IARC) relayé par l’OMS en octobre 2015 auquel vous faites référence, vient d’une série d’études accumulant des données depuis plusieurs années. 

Dans le cas de la viande rouge, les conclusions de l’OMS se fondent sur des indications limitées provenant d'études épidémiologiques montrant un lien entre la consommation de viande rouge et le développement d’un cancer colorectal.

Cela  signifie qu'une association positive a été observée entre l'exposition à la consommation de viande rouge et le cancer mais que d'autres explications pour ces observations (techniquement désignées par les termes de hasard, de biais ou de facteurs de confusion) ne peuvent être exclues.

La consommation de viande transformée, quant à elle, a été aussi associée à une légère augmentation du risque de cancer dans certaines études examinées.

Le rapport de l’OMS attire donc l’attention sur un risque, mais qui semble ne pas concerner toute la population.

Au niveau individuel, pour une consommation normale de viande et de charcuterie, le risque n’est pas avéré.  Je vous rejoins donc pour dire qu’il ne faut, en aucun cas, alarmer les personnes dont la consommation de viande est normale.  En d’autres termes, c’est le fait de manger de la viande rouge et de la charcuterie de manière excessive qui pose problème.  Seuls les gros consommateurs ont donc un risque accru de développer un cancer.

En janvier 2014, déjà, le Conseil Supérieur de la Santé belge avait remis un avis sur la consommation de viande rouge et la prévention du cancer colorectal.  Il concluait que l’incidence du cancer colorectal pourrait diminuer de 10 à 20 % si les recommandations du CSS étaient appliquées, à savoir ne pas dépasser une quantité raisonnable de 500 g de viande rouge par semaine pour un individu et consommer modérément des charcuteries.  Ceci, bien sûr, dans le cadre d’un régime alimentaire équilibré.

Sachant qu’un steak ou qu’une portion de viande pèse entre 100 et 150 g, cela implique que l’on peut très bien manger de la viande rouge 3 fois par semaine. On peut donc tout à fait consommer de la viande rouge et de la charcuterie en quantité raisonnable. Et même s’il nous prend l’envie de déguster une côte de bœuf de 300 g, ce n’est pas problématique, à condition de ne pas en faire une habitude excessive en termes de fréquence.

Il me semble raisonnable de conclure en disant que l’excès nuit en tout et qu’il faut donc consommer de la viande en quantité adaptée, manger de manière variée, utiliser une méthode de cuisson adaptée et vivre sainement en consommant des fruits, légumes et céréales, et de préférence belge.