Madame la Ministre,

Chaque année, en Belgique, c’est environ 700 femmes qui se font diagnostiquer un cancer du col de l’utérus et 190 qui en meurent. La fondation contre le cancer estime d’ailleurs que plus de 99% des cancers du col de l’utérus sont provoqués par une infection chronique du papillomavirus ou HPV.

Et pourtant, les dernières avancées en termes de vaccins contre le HPV ou papillomavirus garantissent des résultats efficaces.

A ce sujet, vous aviez répondu à une question parlementaire que le Centre d'expertise a commencé une étude sur l'efficacité des vaccins et les aspects économiques de la question.

Parallèlement, vous aviez insisté sur l’élaboration d’un registre des vaccinations pour optimiser la prévention des cancers qui découlent d’une infection HPV.

Vous aviez également insisté sur l’importance du choix de la meilleure couverture et de la meilleure protection pour des vaccins qui peuvent être proposés par les Communautés.

Une concertation devait avoir lieu à ce propos avec les Communautés -compétentes pour l'adjudication du vaccin et le groupe cible - au sein d’un groupe de travail intercabinets.

Sur ces différents éléments, je souhaite faire le point avec vous.

Madame la Ministre,

Le centre d’expertise a-t-il terminé son étude sur l'efficacité des vaccins ? Dans l’affirmative, qu’en ressort-il ? Dans la négative, quand sera-t-elle disponible ?

Le registre des vaccinations est-il achevé ? Dans l’affirmative, qu’en ressort-il ? Dans la négative, quand ce registre sera-t-il achevé ? A quelle fréquence sera-t-il mis à jour ?

La concertation avec les communautés au sein du groupe de travail intercabinets a-t-elle eu lieu ? Dans l’affirmative qu’en ressort-il ? Dans la négative à quelle fréquence ces concertations se dérouleront elles ?

 

 

Réponse de Maggie De Block à la question n° 2338 de Caroline Cassart-Mailleux:

 

1. En mai 2018, le Centre du Cancer de Sciensano a publié une étude Cochrane sur les éventuels effets nocifs et l’efficacité de la vaccination contre le HPV chez les filles et les jeunes femmes. Les études Cochrane font office de références mondiales pour les revues systématiques de l’efficacité et de la sécurité des interventions médicales sur la base d’études cliniques randomisées. Les chercheurs ont conclu que l’efficacité des vaccins contre le HPV était excellente chez les filles et les jeunes femmes qui n’avaient pas encore été infectées par les types de HPV concernés. Celles-ci sont bien protégées contre l’apparition d’infections par les types HPV présents dans le vaccin et contre les pré-stades de cancer du col de l’utérus qui y sont associés. La protection se réduit lorsqu’une partie de la population est déjà porteuse du HPV lors de la vaccination. Le vaccin peut provoquer une réaction locale à l’endroit de l’injection (douleurs, rougeurs, gonflements), toutefois limitée dans le temps. Les effets généralisés sévères n’étaient pas plus fréquents chez les receveurs du vaccin que dans le groupe contrôle.

 

Les auteurs de l’étude Cochrane précisent que la protection contre le cancer invasif du col de l’utérus n’a pas été démontrée dans les études cliniques. La preuve n’était pas nécessaire, vu qu’il est prouvé que la détection et le traitement des pré-cancers du col de l’utérus (grâce aux campagnes de dépistage) réduisent le risque de cancer du col. Même si les études cliniques randomisées n’ont montré aucune augmentation de l’incidence d’effets secondaires graves, les auteurs de l’étude Cochrane recommandent un suivi pour détecter toute hausse éventuelle des maladies rares chez les personnes vaccinées. Il est également important de surveiller les potentielles complications obstétriques chez les femmes enceintes au moment de la vaccination.

 

Le centre d’expertise réalise actuellement une étude sur les coûts/bénéfices d’une vaccination  HPV des garçons.  L’étude n’est pas encore terminée. La fin de cette étude est prévue pour la fin de l’année 2018.

 

2. S’il est communément admis qu’il est essentiel de rassembler les données belges de vaccination HPV, ce processus n’est toujours pas achevé. L’enregistrement des vaccinations HPV se fait, à ce jour, au niveau des Communautés (pour les programmes organisés de vaccination en Flandre et en Wallonie) et au niveau de l’Agence intermutualiste (AIM) pour les vaccinations spontanées partiellement remboursées dans toute la Belgique. Il est essentiel de réunir et de coupler les fichiers de vaccination HPV avec le registre du cancer afin de mesurer l’effet de la vaccination. Le suivi de la vaccination contre le HPV n’implique pas seulement le cancer du col de l’utérus, mais aussi les autres pathologies associées à ce virus. Le couplage est également nécessaire pour à terme par exemple offrir aux femmes vaccinées un dispositif de dépistage distinct, différent de celui des femmes non vaccinées.

 

3. Le groupe de travail intercabinet (GTI) Prévention des maladies chroniques se concerte tous les mois sur l’optimisation du dépistage du cancer du col de l’utérus. Le GTI a formulé une proposition visant l’introduction du test HPV dans le cadre du dépistage du cancer du col, qui prévoit également l’intégration de la vaccination dans la prévention.

Le dépistage et la vaccination vont en effet de pair quand il est question du cancer du col de l’utérus. C’est pourquoi il est également proposé de réaliser une analyse intégrée des trois grandes bases de données de vaccination et du registre du cancer.