Monsieur le Ministre,


Le virus de la FCO est réapparu dans le centre de la France lors de l’été 2015 et, depuis lors, de nombreux foyers ont été identifiés (1300 élevages contaminés en 2016). Ce virus, du sérotype 8, est le même virus qui a causé en 2006 et 2007, chez les ovins et bovins, de nombreux problèmes de santé et des pertes importantes.

La vaccination est le seul moyen efficace pour protéger les ruminants. Ce faisant, vous avez lancé la campagne de vaccination en Belgique en avril 2016.  Les doses sont fournies gratuitement alors que la vaccination doit obligatoirement être réalisée par un vétérinaire.

Monsieur le Ministre, quel est le taux de vaccination du cheptel belge ?  Y aura-t-il assez de doses pour assurer les rappels de vaccination et les nouvelles vaccinations ?  De plus, pouvez-vous justifier du maintien de l’administration de la vaccination exclusivement par le vétérinaire pour la campagne de vaccination 2017 alors que les secteurs agricoles y sont opposés ?

 

 

 

Réponse de Willy Borsus à la question n° 723 de Madame Caroline Cassart-Mailleux:

 

Je suis de très près la situation relative à la maladie de la langue bleue, également appelée Fièvre Catarrhale Ovine (FCO), et ce depuis son apparition en France lors de l’été 2015.  Le virus, du sérotype 8, est le même virus qui a causé en 2006 et 2007, chez les ovins et bovins, de nombreux problèmes de santé et des pertes importantes. L’impact éventuel de la maladie sur notre cheptel belge ne doit donc pas être minimisé.

En ce qui concerne la campagne de vaccination de 2016, près de 3 millions de doses ont été distribuées aux vétérinaires. Sur base des enregistrements réalisés, ceux-ci ont administré près de 1,9 millions de doses, ce qui représente un taux de vaccination du cheptel de plus ou moins 30%.  Ce taux de vaccination exceptionnellement élevé dans le cadre d’une campagne réalisée sur base volontaire a certainement dû aider notre pays à échapper à la maladie jusqu’à ce jour. 

Cependant, la menace venant de France va demeurer et la possibilité que la maladie atteigne notre pays l’été prochain est bien réelle comme le confirment les avis scientifiques. La contamination la plus proche se situe officiellement à seulement 40 km de notre frontière.

La FCO représente un danger réel pour la santé animale sans négliger l’aspect économique. Je suis conscient de la crise qui frappe le secteur agricole et je puis vous assurer œuvrer avec conviction pour éviter d’ajouter encore des obstacles dans le parcours difficile que vivent les éleveurs au quotidien.

C’est dans ce cadre que j’ai donné le feu vert pour la commande d’un million de doses bovines et 300.000 doses ovines supplémentaires pour la campagne de vaccination de 2017 pour que, le cas échéant, l’ensemble du cheptel puisse être vacciné et les rappels éventuels réalisés. En outre, la majorité des fédérations agricoles souhaitaient bénéficier d’une réserve stratégique suffisante.        

En tant que Ministre fédéral de l’Agriculture, je m’attache en effet à prendre des décisions qui tiennent compte de l’intérêt général.

En ce qui concerne  la vaccination, le choix de la confier au vétérinaire a été motivé par différents éléments: garantir une utilisation optimale du nombre limité de doses disponibles (limiter le gaspillage, notamment lié au grand conditionnement de doses), garantir un enregistrement des vaccins administrés afin de pouvoir assurer le suivi de la campagne, et être en conformité avec les exigences européennes en matière d’utilisation de l’argent public auxquelles doit répondre le Fonds (aides d’Etat). Il s’agissait aussi de s’assurer d’une utilisation équitable, légale et la plus efficiente possible des moyens des éleveurs mutualisés au sein du Fonds. Cette problématique doit, en effet, être analysée dans ce contexte où le coût des vaccins est entièrement supporté par le Fonds. 

 

 

En outre, tenant compte que seuls les animaux vaccinés par un vétérinaire peuvent être certifiés pour l’exportation, cette stratégie permet d’éviter une vaccination à « deux vitesses » qui conduirait à des difficultés en matière d’exportation si le virus de la FCO contamine finalement la Belgique ou si la Belgique est placée en zone réglementée suite à une circulation virale en France à proximité de notre frontière.

Certains citent l’exemple de la France qui autorise la vaccination par les éleveurs.  La situation y est néanmoins différente.  Les éleveurs français n’ont disposé que de 8,5 millions de doses bovines en 2016. Ce chiffre est évidemment très faible eu égard au nombre de bovins que compte ce pays et la vaccination a été dédiée préférentiellement aux animaux destinés à l’exportation. De surcroit, la France ne peut attester du nombre d’animaux réellement vaccinés actuellement. En Belgique, nous avons opté pour une vaccination permettant une couverture maximale de notre cheptel en garantissant l’administration effective du vaccin par le vétérinaire ; ce qui optimalise l’efficacité globale en créant une barrière épidémiologique.

Je souhaite que cette campagne de vaccination élaborée en concertation avec les parties prenantes puisse concerner la majorité de notre cheptel afin de garantir la santé animale et les exportations le cas échéant.