Madame la Ministre,
« Suite à un accident de personne, le trafic de la ligne est perturbé ». Cette courte phrase est malheureusement une habitude trop récurrente pour les navetteurs de la SNCB. Un accident de personne est une manière diplomatique d’évoquer un suicide ou une tentative de suicide. L’inconvénient, c’est que les conséquences sont importantes : nombreux retards, mise en place de navettes, dégâts au matériel roulant, etc.
En 2014, le taux de suicide sur les voies ferrées a augmenté de presque
25 % ! En effet, l’an dernier, 200 personnes ont tenté de mettre fin à
leurs jours en se jetant sous un train. 97 de ces désespérés ont effectivement
perdu la vie et 24 d’entres eux ont été grièvement blessés. Pour donner une
comparaison, l’année 2013 a recensé « que » 162 actes de désespoir.
Pour essayer d’endiguer ce phénomène, Infrabel, gestionnaire du réseau
ferroviaire, veut demander l’aide des riverains. Pour ce faire, spécialistes de
la prévention du suicide, responsables des chemins de fer et policiers se
penchent actuellement sur la mise sur pied d’un plan destiné à endiguer la
vague de suicides qui frappe le rail belge. Le but est de sensibiliser les
riverains proches des lieux privilégiés par les désespérés pour mettre fin à
leurs jours et de les amener à travailler avec Sécurail, le service de sécurité
de la SNCB. De la sorte, le moindre individu errant le long des voies sera
immédiatement signalé à Sécurail qui enverra alors une patrouille dans les plus
brefs délais ou fera momentanément mettre le trafic à l’arrêt sur les lignes
concernées.
Dès lors, Madame la Ministre,
§
Pouvez-vous
me confirmer ces chiffres pour l’année 2014 ?
§
Pouvez-vous
me dire concrètement comment un tel plan peut être efficacement mis en
œuvre ?
§
À part la
coopération des riverains, avez-vous d’autres mesures pour essayer d’endiguer
ce phénomène ? Les personnes qui travaillent ne sont pas disponibles en
journée, cela pose problème..
§
Existe-t-il
une campagne de sensibilisation à ce sujet ? Si non, comptez-vous en
instaurer une ?
§
Pour la
SNCB, pouvez-vous me dire quel est le cout de ces suicides et tentatives ?
réponseRéponse publiée |
Le nombre de suicide est
passé de 94 cas en 2013 à 97 cas en 2014 (soit une augmentation de 3% pour
les suicides) tandis que les tentatives de suicides sont passées de 68 cas
(dont 13 avec blessés graves) en 2013 à 103 cas (avec 24 blessés graves) en
2014 (soit une augmentation de 34%). Au total (suicides et tentatives de
suicides confondus), cela représente une hausse de 20%. Depuis 2012 Infrabel
a identifié de manière précise 24 hotspots répartis sur notre réseau
ferroviaire concernant la problématique des suicides sur les voies. La
majorité de ces hotspots sont situés en Flandre, plus particulièrement dans
le Courtraisis. Afin de rendre un plan efficace, il faut se concentrer
sur les zones les plus critiques du réseau en priorité; zones que nous avons
clairement identifiées et dans lesquelles nous mettons sur pied des mesures à
la fois technique et de sensibilisation. Plusieurs mesures sont en cours afin
de sécuriser ces hotspots. Ces mesures sont de deux types: infrastructurelles
et de sensibilisation. Les mesures infrastructurelles sont les suivantes: -
Installation de clôture afin de restreindre l'accès à la voie ferrée. En
2014, Infrabel a installé 3673 mètres de clôtures. Il est prévu pour 2015 et
2016 de placer 10,813 kilomètres pour continuer à sécuriser les hotspots
suicides. - Installation de lampes bleues ("Blue lights") à quai,
notamment à proximité de centres psychiatriques dans le cadre de projets
pilotes. Le point d'arrêt non gardé de Dave-Saint-Martin est déjà équipé et
trois autres sites pilotes (Kortenberg, Ypres et Péruwelz) seront équipés
dans les prochains mois. - Installation de caméras thermiques intelligentes.
Les caméras thermiques intelligentes sont installées dans un site pilote
(Bruges-Saint-Pierre) et seront opérationnelles dans les prochains mois. En
2015, il est prévu d'équiper deux autres sites sensibles (Duffel et Ypres).
Parallèlement aux mesures techniques mises en oeuvre, Infrabel réalise des
actions de communication et de sensibilisation: - campagne d'affichage avec
numéro d'appel vers le centre de prévention des suicides; - campagne de
sensibilisation avec l'ensemble des centres psychiatriques belges situés à
proximité du chemin de fer; - collaboration avec des experts des Universités
(ULB et la KUL) afin d'étudier et de comprendre la problématique des suicides
sur le rail (localisation géographique, facteurs environnementaux et
socio-économiques). Notons aussi qu'Infrabel a participé pendant 3 ans au
projet Européen RESTRAIL, qui est un projet lancé en 2011 par la Commission
Européenne et qui a rassemblé des experts de différents domaines
(Universités, centres de recherche, gestionnaires d'infrastructure
ferroviaire, opérateurs ferroviaires,...) afin de proposer des solutions pour
diminuer le nombre de suicides sur le rail. Infrabel a réalisé en 2014 une
campagne d'affichage dans une vingtaine de gares et points d'arrêts critiques
ou donnant accès à un hotspot. Cet affichage, inspiré de celui existant aux
Pays-Bas, reprend le numéro d'appel du centre de prévention du suicide. |
.
Caroline-Cassart.be @ Toute reproduction partielle ou totale est strictement interdite | Propulsé par PSI-WEB