Colruyt a annoncé vouloir racheter des terres agricoles. Avec grand bruit, car le secteur est en souffrance et le foncier est un problème majeur.

agrioculture LDD

C'est une annonce qui fait grand bruit: le groupe Colruyt se lance dans l'achat de terres agricoles via sa filiale Agripartners. Ce n'est pourtant pas nouveau puisqu'en 2018 déjà, Colruyt a acheté 25 hectares de terres bio en Flandre occidentale. L'objectif avancé est, notamment, de "garantir la production locale ainsi que son approvisionnement afin de répondre à la demande croissante des clients".

Si nous pouvons saluer la volonté de Colruyt d'ancrer son approvisionnement auprès des producteurs locaux et ainsi, en faire profiter l'agriculture wallonne, de nombreuses questions se posent. A cet égard, la Fédération Wallonne de l'Agriculture (FWA) est très critique. Je cite: "sa politique d’achat de terres va peser sur le marché qui est déjà très tendu. Le prix des terres est déjà la cible de spéculateurs et ils s’envolent. Au point qu’il devient très difficile, voire impossible, pour un jeune agriculteur aujourd’hui de se lancer ou de reprendre l’exploitation familiale. Il y a moyen de s’approvisionner auprès des producteurs locaux sans les priver de leur indépendance."

En effet, vous le savez, le secteur agricole est un secteur en souffrance et les chiffres parlent d'eux-mêmes puisque, chaque année, 3 % des exploitations agricoles disparaissent. De plus, de nombreuses autres fermes rencontrent des difficultés financières et pourraient donc être tentées de vendre le patrimoine à Colruyt . Si nous voulons pérenniser notre modèle agricole et nos traditions, il me semble que ce n'est pas la voie à suivre. Il y a suffisamment de producteurs compétents en Wallonie pour les fournir en produits de qualité afin de répondre à leur demande. Il n'est, à mon sens, pas judicieux d‘en faire des ouvriers agricoles et de revenir des décennies en arrière.

Monsieur le Ministre, avez-vous conscience de cette problématique? Un dialogue avec Colruyt est-il entrepris afin de faire évoluer les choses? Dans l'affirmative, qu'en ressort-il? Quelles sont les pistes sur la table pour préserver nos agriculteurs et notre modèle? Nous avons un nouveau Ministre fédéral de l'Agriculture et je pense savoir qu'il est réceptif au monde agricole. Une position commune pour la Belgique existe-t-elle? A tout le moins, ne serait-il pas intéressant de demander une concertation avec vos homologues à ce sujet?


La réponse du Ministre