L’Ukraine et la Russie représentent plus de 30 % des exportations mondiales de blé et 20 % du maïs. La situation géopolitique impacte le prix de ces céréales.

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La situation géopolitique a basculé le 24 février dernier avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le sujet est aussi vaste que complexe, je vais donc m’en tenir à vos compétences et aborder les conséquences sur le secteur agricole.

 

Vous le savez, l’Ukraine et la Russie représentent plus de 30 % des exportations mondiales de blé et 20 % des exportations mondiales de maïs. Suite aux tragiques évènements que nous connaissons, les prix des céréales explosent et atteignent des plafonds historiques. La réalité d’aujourd’hui n’étant pas celle de demain, cela pourrait encore fortement évoluer à la hausse. Dans ce contexte, nous apprenons que la Chine (première productrice de blé au monde) s’attend à une de ses pires productions de son histoire avec une baisse estimée de 20 % de sa production. Dans le même temps, la Hongrie, exportatrice de blé, a déjà indiqué qu’elle cessait ses exportations et d’autres pays (comme la Bulgarie, la Turquie ou encore l’Argentine) y réfléchissent. Autre mauvaise nouvelle, les stocks des pays du Maghreb et de l’Egypte sont bas. Ces pays, qui n’ont pas la possibilité de produire du blé sur leur sol, sont de très importants importateurs.

 

Outre cet élément, le prix des engrais explose également. Certains agriculteurs wallons n’ont plus les moyens financiers d’acheter de l’azote et, in fine, ne pourront plus en épandre non plus. La conséquence directe de cette situation est une probable baisse de rendement.

 

Cette guerre intervient dans un contexte agricole particulier en Europe. En effet, la Commission a conclu un accord sur la PAC et le temps des analyses des différents plans stratégiques est venu. Cette PAC prévoit notamment les nouveaux Eco-régimes pour, par exemple, maintenir les prairies permanentes, soutenir une meilleure couverture du sol, renforcer le maillage écologique, etc. En ce qui concerne la conditionnalité, on retrouve, notamment, la BCAE 8 qui prévoit une part minimale de terres arables au niveau de l’exploitation de 4% consacrée aux éléments non productifs. Lors d’un Conseil informel le 2 mars dernier, les Ministres UE de l’Agriculture se sont réunis afin de garantir la souveraineté alimentaire de l’Europe en libérant son potentiel de production.

 

Monsieur le Ministre, l’enjeu est bien plus large que la guerre entre l’Ukraine et la Russie. L’enjeu est également européen puisque l’Europe doit, beaucoup plus largement, se donner les moyens de sa propre autonomie, de sa propre défense mais aussi de sa propre souveraineté alimentaire et énergétique. La souveraineté alimentaire a longtemps été considéré comme un élément presque naturel, presqu’évident mais cet élément prend tout son sens à l’heure actuelle. Il faut que nous ayons une production agricole en Europe qui soit susceptible de répondre aux besoins de nos concitoyens et aux besoins de nos marchés.

 

Dès lors Monsieur le Ministre, ce dossier évoluant sans cesse, pourriez-vous faire l’état des lieux à l’heure actuelle? Une évaluation des différentes stratégies, voire même de la nouvelle PAC afin de maintenir un potentiel de production maximal rappelant que la mission première agricole est nourricière est-elle prévue? A défaut, ne serait-il pas opportun? Le Conseil Agricole a eu lieu hier (21 mars), qu’en ressort-il? Quelle position a été défendue par la Belgique?


La réponse du Ministre