Monsieur le Secrétaire d’Etat,
Selon la fondation Initiative Internationale
pour le cacao (ICI), une organisation créée par l’industrie du
chocolat pour lutter contre le
travail des enfants dans la filière, entre 300 000 et un million
d’enfants travaillent dans le cacao ivoirien, allant de la contribution
occasionnelle au travail forcé. On dénombre 1,1 million d’enfants engagés
dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire.
A la fin de juin, 48 enfants
âgés de 5 à 16 ans avaient été secourus lors d’une opération de police dans
les plantations de cacao de San Pedro, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire,
qui abrite également le premier port de cacao au monde.
D’après Interpol, ces enfants, qui « travaillaient dans des
conditions extrêmes, particulièrement dangereuses pour leur santé »,
étaient originaires du Burkina Faso, de Guinée,
du Mali et
du nord de la Côte d’Ivoire. Certains d’entre eux, « employés dans
les champs depuis un an, ont déclaré aux enquêteurs travailler régulièrement
de longues heures chaque jour sans recevoir ni salaire,
ni éducation », selon Interpol.
Des enfants parfois enlevés à
l’insu de leurs parents. Un enfant coûte en moyenne 230 euros mais le prix
est négociable. La somme sert à financer le voyage de l’enfant jusqu’à la
plantation. Et en contrepartie, il peut être exploité à volonté. Sans aucune
rémunération. Ce sont des enfants esclaves qui récoltent des fèves de cacao.
«Si on est lent, si on refuse de travailler, on est battu», témoigne
Zanga Traoré, ancien enfant esclave.
Entre 2012 et 2014, environ
4000 enfants victimes de traite et d’exploitation dans le secteur du cacao
ivoirien ont été arrachés à leurs bourreaux. C’est le maigre bilan fourni par
ICI, une organisation créée par l’industrie du chocolat pour lutter contre le
travail des enfants dans la filière.
23 personnes ont été jugées en Côte d’Ivoire, dont 18 seulement ont été
condamnées à des peines d’emprisonnement ferme et cinq à des peines avec
sursis. Pas de quoi décourager les organisateurs de ce fléau auquel la chaîne
franco-allemande ARTE avait consacré en septembre 2011 un documentaire
intitulé La face cachée du chocolat.
Monsieur le Secrétaire d’Etat,
-
Quelle est votre position à ce sujet ?
-
Pensez-vous que la mission princière de la
princesse Astrid en Côte d’Ivoire prévue en 2017, permettra d’aborder le sujet
afin d’éradiquer le phénomène ?
Réponse de Pieter De Crem à la
question n° 108 de Caroline Cassart-Mailleux:
L'honorable Membre est prié de
trouver ci-après la réponse à ses questions.
La Côte d’Ivoire a réalisé des progrès appréciables en
matière de lutte contre le travail des enfants. Elle a bénéficié d’un appui
important, entre autre, du BIT (Bureau International du Travail), de l’UNICEF,
de l’industrie du chocolat et des Etats-Unis d’Amérique.
Le gouvernement de la Côte d’Ivoire a ratifié en 2003 les
deux conventions fondamentales de l’OIT sur le travail des enfants (Convention No. 138 sur l’âge minimum et
Convention No. 182 sur les pires formes de travail des enfants).
Le gouvernement a également adopté en 2010 une loi portant
interdiction de la traite et des pires formes de travail des enfants.
Le Code du travail a été révisé en juillet 2015 et l’âge
minimum d’admission à l’emploi a été relevé de 14 à 16 ans.
Le gouvernement est également en train de réviser la liste
des travaux dangereux interdits aux enfants adoptée en 2012.
La lutte contre le travail des enfants est une priorité
nationale, notamment portée par la première Dame, Dominique Ouattara.
Le gouvernement de la Côte d’Ivoire a récemment adopté un
Plan d’Action National 2015-2017 de lutte contre les pires formes de travail
des enfants (le troisième en Côte d’Ivoire). L’ambition à l’échéance de 2017
est de réduire de 20% les pires formes de travail en Côte d’Ivoire.
Après l’élection du Président Ouattara, un ‘Comité National
de Surveillance des Actions de Lutte contre la traite, l’exploitation et le
travail des enfants’ (CNS) présidé par la Première Dame a été mis en place, de
même qu’un ‘Comité Interministériel de lutte contre la traite, l’exploitation
et le travail des enfants’ (CIM). Le CIM est composé de 15 Ministères. Sa
Présidence est assurée par le Ministre de l’emploi et de la protection sociale.
En ce qui concerne la coopération régionale sur ces sujets,
la Côte d’Ivoire est signataire de plusieurs accords transfrontaliers de lutte
contre la traite et le travail des enfants : l’Accord multilatéral de
coopération en matière de lutte contre la traite des enfants en Afrique de
l’Ouest signé par les représentants des gouvernements de 10 pays d’Afrique de
l’Ouest le 27 juillet 2005; l’Accord de coopération régionale de lutte
contre la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants en
Afrique de l’Ouest et du Centre, signé à Abuja en 2006.
En septembre 2016, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont, de plus,
signé un accord de coopération bilatérale pour lutter contre le trafic et le
travail des enfants, en particulier dans les plantations de cacao, à l’initiative
des deux Premières dames.
La mission princière prévue en octobre 2017 sera l’occasion
d’aborder, entre autres, cette thématique lors des contacts avec les autorités
ivoiriennes.
La Belgique a soutenu à hauteur d’1,5 million EUR un projet
d’UNICEF visant à combattre sur la période 2010-2014 les pires formes de
travail des enfants en Côte d’Ivoire, principalement dans les plantations de
cacao du pays.
En janvier 2008 déjà, le gouvernement belge avait lancé une
initiative sur la "lutte contre l’exploitation des enfants dans les
plantations ouest-africaines de cacao" dans le cadre du Club du Sahel
(OCDE).
La plupart des grandes entreprises mondiales de chocolat ont
entrepris le pari de ne produire exclusivement du chocolat qu’à partir de cacao
“durable” d’ici 2020.
Selon les trois systèmes de normalisation actuels (Fairtrade
International, Rainforest Alliance et UTZ Certified), la part de chocolat
certifié durable est passé de 2 % en 2009 à 15 % de nos jours.
Afin de généraliser le cacao durable, et sous l’impulsion des
industries, le Comité européen de normalisation (CEN), accompagné de
l’International Organization for Standardization (ISO), ont engagé un processus
de normalisation pour le cacao durable depuis 2011. Cette norme sera composée
de trois domaines distincts : les Personnes (amélioration des conditions de
travail, lutte contre le travail des enfants…), la Planète (impact
environnemental) et le Profit (pour l’agriculteur et sa productivité).
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